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Les nains de jardin, nous voici, nous voilà

   
Auteur : Sous la direction de Frédérique Crestin-Billet
Editeur : De Borée
Date de dépôt : octobre 2005

A l'heure actuelle, il y a un vrai regain d'intérêt pour les nains de jardin comme le démontre leur utilisation récurrente dans des spots publicitaires télévisés. Comment oublier également deux scènes cultes du cinéma, dans les films « The full Monty » de Peter Cattaneo (1997) et « Le fabuleux destin d’Amélie Poulain » de Jean-Pierre Jeunet (2001) ? En 1998, les éditions Solar, publient une « histoire officielle » sous le titre « Les nains de jardin, nous voici, nous voilà », rééditée en 2005 par les éditions de Borée. C'est une véritable encyclopédie consacrée à ces personnages, sur un ton humoristique car rédigé par le Grand conseil des nains de jardin par l'intermédiaire de la plume de Frédérique Crestin-Billet. Ce livre raconte l'histoire de ces objets décoratifs souvent considérés comme kitsch, mais laissant rarement indifférent. Nés dans les légendes allemandes, anglo-saxonnes ou scandinaves, les nains seraient apparus bien avant les humains. Ils sont apparentés aux dieux Odin, Thor, et dans la culture méditerranéenne à Priape, le dieu gâté par la nature et protecteur des jardins, potagers, vignes et vergers... Originellement condamnés à vivre de manière souterraine, les nains sont souvent associés au travail de la terre et du feu, et par conséquent souvent à la profession de mineur comme dans le conte des frères Grimm, « Blanche neige et les sept nains ». Les premiers nains introduits délibérément dans la statuaire se trouvent dans le jardin du château de Weikersheim (Allemagne), mais aussi à l'entrée des jardins de Boboli à Florence (Italie). La fabrication des nains tels qu'ils nous apparaissent aujourd'hui remonte au milieu du XIXe siècle en Allemagne, tradition perpétuée en France, en Alsace, comme le montrent les étapes, image par image. En Allemagne, August Heissner est le fondateur de la première manufacture de nains en céramique en 1872 à Gräfenroda, toujours premier fabricant mondial. Ces petits êtres à bonnets rouges et barbes blanches en céramique, mais aussi en PVC prennent l'aspect de pêcheurs, musiciens, jardiniers, buveurs de bière, sportifs, Tarzan, Superman, jusqu'à « Plagiarius » (trophée en forme de nain noir à nez doré, remis chaque année par Heissner à ses plagiaires). Les nains narrateurs de ce livre portent évidemment un regard critique sur ces déclinaisons et se demandent comment ils ont pu être représentés sous les traits d'un chasseur, alors qu’ils entretiennent de véritables contacts privilégiés avec la nature. Les rapports avec les humains sont également bien étudiés avec notamment le hit-parade des pays amateurs de nains dans lequel les trois marches du podium sont occupées par l'Allemagne (tradition oblige), la Grande-Bretagne et l'Autriche. Devant les dizaines de millions de nains peuplant les jardins d'aujourd'hui, est apparu un marché de la contrefaçon (attention, d'après les nains narrateurs, les contrefaits sont démunis d'âme), mais aussi des rapts dont la presse a largement fait écho. « Les Nainportequoi », un groupe musical alsacien a même enregistré un CD intitulé « Sauvons les nains de jardin ». Les nains sont l'objet d'une attention toute particulière de collectionneurs avertis, il y a même un musée leur étant dédié à Rot-am-See (Allemagne). Cette vision de la culture « nanophile » passe par la place du nain dans l'art (tableaux, cartes postales depuis la seconde moitié du XIXe siècle aux années 1930...), dans la littérature (avec notamment un encadré consacré à l'ouvrage publié en 1994 « Des nains des jardins » de Jean-Yves Jouannais...), à l'école où des jeunes Allemands les peignent, et par Internet avec quelques sites référencés. Pour qui apprécie ou pas les nains de jardin, ce livre ne peut laisser insensible sur cette culture mondiale et indissociable de l'histoire des jardins unissant fabricants, passionnés, collectionneurs, artistes, enfants, rêveurs et personnes souffrant simplement de solitude, ayant choisi d'intégrer dans les jardins, si ce n’est la tradition, au moins une présence. Devant le succès auprès des enfants, il est conseillé à ceux-ci la lecture de la petite histoire « Profession nain de jardin » d'Hubert Ben Kemoun, également présentée dans cette même rubrique Internet.

© Conservatoire des Jardins et Paysages / novembre 2006

 
96 pages - 24.00 €
     
   
   
   
 
   
 
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