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Place publique n° 14 : « Floralies, estuaire : les villes se mettent au vert »

   
Auteur : Articles d’auteurs variés sous la direction de publication de Jean-Claude Murgalé
Editeur : Association Mémoire et débats
Date de dépôt : 2009

« Place publique » est la revue urbaine de la métropole Nantes/ Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) dont l’objectif est de mener réflexion et débat sur les questions urbaines et la confrontation des projets. Elle privilégie la raison à l’émotion et la durée à l’éphémère en croisant les savoirs, les regards et les approches. Le numéro de début d’année 2009 de cette revue généraliste de référence se devait de laisser un large place à la prochaine tenue des Floralies internationales de Nantes, placées pour cette 10e édition sous le thème du « Pouvoir des fleurs », sans oublier la deuxième édition d’« Estuaire », biennale d’art contemporain prenant la forme d’un parcours artistique et festif établi de Nantes à Saint-Nazaire, sur les 60 kilomètres de rives les reliant. Imaginé par Jean Blaise, directeur du Lieu Unique à Nantes, ce dernier propose comme en 2007 de découvrir en bateau, en car, à pied ou à vélo, grâce à l’art contemporain, un territoire fascinant et réciproquement. C’est dans la précédente édition qu’ont été réalisés « Les anneaux » de Daniel Buren et Patrick Bouchain installés sur l’île de Nantes.

Pour faciliter la lecture de « Place publique » et en retenir les points de chaque article, ceux ci débutent par un court résumé et sont étayés de petits extraits dans la marge permettant de retenir leurs éléments clefs.

Issues d’une longue tradition botanique nantaise commençant en 1786 avec la création du jardin des Apothicaires, les floralies internationales de Nantes sont la plus importante manifestation horticole de France. Pour leur dixième édition qui se déroulera du 8 au 19 mai prochain, Jean-Michel Gravouil, professeur d’histoire et secrétaire de l’association « Nantes-Histoire », revient sur cette tradition nantaise avec les épisodes de l’adaptation au climat local du Magnolia grandiflora puis au XIXe siècle celle du camélia, la création en 1828 de la Société nantaise d’horticulture ou encore le lieu de production de 80 % du muguet français. Les deux premières éditions des floralies (1856 et 1963) ont pris leurs marques au Champ de Mars, mais faute de place en raison du succès remporté, le site de la Beaujoire lui sera préféré en 1971. Dès lors, les floralies ne quitteront plus ce lieu et deviendront quinquennales à partir de 1984. Au fil de cette histoire, le parc de la Beaujoire* évolue également avec notamment la création du parterre des iris en 1977, puis de la roseraie en 1988. Les 9e Floralies internationales de Nantes (2004) seront notamment marquées par l’intervention commune de François Delarozière, directeur artistique de l’association « La Machine » (île de Nantes), et du service des Espaces verts de la Ville de Nantes qui met en scène l’Aéroflorale, la serre volante née de leur imagination.

En filigrane de cet article, apparaissent aussi des valeurs importantes qui ont tour à tour marqué les différentes éditions et leur déroulement comme le rôle des botanistes navigateurs, mais aussi l’esclavage, le respect de l’environnement ou la protection des abeilles. Cet historique est largement argumenté à l’appui entre autres de références à des articles d’Ouest France. Parmi les personnages cités dans cette aventure botanique, se remarquent notamment Paul Plantiveau (directeur du service des plantations de la ville de Nantes et directeur du jardin des plantes de 1951 à 1984), mais aussi des célébrités telles que Jean Cocteau, Brigitte Fossey ou Laurent Voulzy, compositeur de la chanson « Le pouvoir des fleurs » (paroles d’Alain Souchon) qui sera le thème retenu pour la prochaine édition. Comme à chaque fois, les floralies assureront de nouveau la promotion touristique de Nantes la verte, riche de 1000 hectares d’espaces verts, soit 15 % de la surface de son territoire. Cette relation de la ville à la nature est retracée au travers des cinq derniers siècles par le géographe et conducteur d’une exploitation maraîchère en Vendée, Olivier Rialland, auteur de la thèse « Les parcs et jardins dans l’ouest de la France. Paysage évanescent, patrimoine naissant » (2002) qui s’attache dans son article à dresser l’évolution des jardins publics en France. Depuis la fin du XVIe siècle, les citadins sortent des enceintes des villes. Les mails (terrains de jeu) changent de fonction et deviennent des promenades publiques. C’est à Marie de Médicis qu’est due la plus célèbre des promenades intégrant la nature : le Cours-la-Reine à Paris (1616), qui fera notamment école à Rouen (1649) et Caen (1676). Plus tard, le pouvoir en place décidera de l’ouverture au public à Paris du jardin des Tuileries*, des bois de Vincennes* et de Boulogne*, sans oublier le Tivoli. C’est au XIXe siècle que la notion de « parc public » fait son apparition autant pour des raisons idéologiques (salubrité et moralité) mais surtout sociales et politiques. C’est avec la révolution industrielle que naissent les premiers jardins ouvriers sous l’égide de l’abbé Jules Lemire. Au cours des Trente Glorieuses, l’espace vert est davantage envisagé en qualité de surface plutôt que pour des volontés d’esthétisme. Les années 1970 voient l’apparition des parcs publics récréatifs et dans les années 1980, les jardins sont devenus champs d’expérimentation. Avec la commande du parc de la Villette* (Paris) en 1982, une mutation apparaît : l’ère du jardin adapté à l’usage de la ville moderne en adéquation avec les tendances des arts plastiques. Le parc André Citroën* (Paris), quant à lui, est la première application au sein d’un jardin public des préceptes du « jardin en mouvement » de Gilles Clément. Aujourd’hui, le rôle des paysagistes est reconnu et les jardins continuent à évoluer avec la société que ce soit sur le plan humain avec les jardins partagés ou sur le plan urbanistique et technique à l’instar des murs végétaux, popularisés par Patrick Blanc, docteur es Sciences, botaniste chercheur au CNRS. L’auteur de l’article en définitive se demande si le jardin ne serait pas en fait aujourd’hui le meilleur « outil de raccommodage urbain » ?

Une entrevue avec l’architecte, urbaniste et paysagiste Alexandre Chemetoff, chargé de la maîtrise d’œuvre de l’Ile de Nantes fait justement le point sur la place du végétal dans la ville. Le détenteur du « Grand prix de l'urbanisme » en 2000 préfère parler de « fertile » et de « stérile », termes plus appropriés selon lui à l’opposition du végétal au minéral. En effet, pour lui, son rôle est de travailler sur l’hybridation entre fertile et stérile comme l’illustre bien le square de l’île Mabon près du palais de justice de Nantes. Les herbes spontanées poussant dans ce « béton fertile », parfois qualifié par les bien pensants ou les mal informés comme « pas très soigné, pas très propre, pas très net ». Tout le débat actuel sur la place de la nature en ville se pose bien en ces termes, ceux d’une fertilité à valoriser mais surtout à promouvoir.

Jean Haëntjens, urbaniste et membre du comité de rédaction de « Place publique », s’attache à retracer l’histoire de l’arbre dans la ville à travers les croyances et des données techniques et sociales. Il part du Moyen âge, où l’arbre est quasi inexistant en ville, jusqu’à la « ville durable » avec comme préoccupations la valeur d’usage et la mise en relations, en passant par le XVIIe siècle au cours duquel l’arbre sert d’écrin visuel pour guider les regards vers les bâtiments, l’ouverture aux Londoniens en 1634 de Hyde park ou encore dans l’urbanisme haussmannien, l’arrivée des confortables bancs à dossiers, les cités-jardins, les notions d’hygiénisme et de fonctionnalisme. Repoussant la terminologie de « poumon vert », l’auteur de cet article place l’espace vert urbain en qualité de cœur, de regard, de miroir mais d’abord comme un lieu où sa qualité doit nécessairement primer par rapport à sa surface, comparant la relation entre arbre et ville à une relation amoureuse. Ces propos sont étayés par des exemples et illustrations de sites représentatifs comme Central park à New York, parc le plus visité des Etats-Unis, ou le parc Monceau* (Paris) ou bien encore les paroles de la chanson « Comme un arbre dans la ville » du bien nommé Maxime Le Forestier.

Un entretien avec Françoise Verchère, première élue porteuse de l’ambitieux projet d’une forêt urbaine autour de Nantes, et Christine Margetic, géographe permet de mieux comprendre cette entreprise exceptionnelle dont la création a été officialisée en 2005 par la communauté urbaine. Contrepoint nécessaire à la densité croissante de la ville, ce projet de longue durée avance progressivement. Il faut dire que la notion de croissance d’un arbre est bien supérieure à la durée d’un mandat électoral. Cette forêt urbaine doit faire le lien avec la ville et longe notamment les abords du parc de Procé*. Elle est répartie entre trois sites : nord-ouest (566 ha), sud-est (120 ha) et sud-ouest (762 ha). Déjà ont été plantés, notamment par des écoliers, frênes, charmes, merisiers et sorbiers. D’ici 2014, 100 hectares doivent être acquis.

Pour clore ce dossier sur le végétal à Nantes, une promenade verte à Nantes et à Saint-Nazaire est proposée, mettant l’accent sur la présence du végétal ne se limitant pas aux seuls parcs et jardins, mais aussi à des espaces comme la piste du tramway n° 1 (pour laquelle des mélanges de gazon résistants à la chaleur et à la sécheresse sont recherchés), les 345 hectares d’espaces boisés classés (soit environ 5 % du territoire nantais), les corridors biologiques, les 85 arbres remarquables, le Cimetière parc*, la première des 22 branches du futur « Arbre aux hérons » implantée sur le parvis des Machines de l’île de Nantes, la « petite Amazonie » (marais de 17 hectares en plein Nantes), la collection botanique de palmiers de Saint-Nazaire, la plantation d’un bois de trembles sur le toit de l’ancienne base sous-marine de Saint-Nazaire par Gilles Clément dans le cadre de la deuxième édition d’« Estuaire »… A plusieurs reprises dans cette énumération, l’intervention de Claude Figureau, ancien directeur du jardin des plantes et jardin botanique de Nantes* de 1984 à 2008, est présente. Ce numéro témoigne avec conviction de la prépondérance des espaces verts dans le tissu urbain de la métropole nantaise.

Attention, s'agissant d'une revue, elle ne peut se trouver qu'en maison de la presse ou dans un kiosque. Au-delà de sa période de parution, les internautes intéressés par son acquisition devront donc se rapprocher directement de l'éditeur.

* Plus d’informations

Pour en savoir davantage sur les jardins cités dans cette notice, il suffit d’un simple clic sur les liens suivants :

Parc de la Beaujoire

Jardins des Tuileries et du Carrousel

Bois de Vincennes

Bois de Boulogne

Parc de la Villette

Parc André Citroën

Parc Monceau

Parc de Procé

Cimetière parc

Jardin des plantes et jardin botanique de Nantes



© Conservatoire des Jardins et Paysages / mai 2009

 
160 pages - 10.00 €
     
   
   
   
 
   
 
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