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Ecorces, voyage dans l’intimité des arbres

   
Auteur : Cédric Pollet
Photographies - Illustrations : Cédric Pollet
Editeur : Ulmer
Date de dépôt : 2008

Cannelle, liège, caoutchouc, encens, médicaments… Les écorces sont bien omniprésentes dans notre quotidien. Mais qui sait encore les regarder ou les apprécier ? Ce livre propose justement de les faire sortir de leur banalisation, de leur anonymat. C’est à la beauté de l’écorce d’un tronc tourmenté d’un chêne pluriséculaire d’un jardin anglais que Cédric Pollet doit le bouleversement du cours de sa vie. Depuis dix ans, ce photographe naturaliste, ingénieur paysagiste de formation, consacre sa vie professionnelle à la recherche et à la valorisation de la beauté des écorces d’arbres. Ayant parcouru plus de vingt-cinq pays (Angleterre, Australie, Canada, Espagne, Etats-Unis, France, Indonésie, Madagascar, Nouvelle-Calédonie, Nouvelle-Zélande…) à dénicher les troncs les plus surprenants, il dévoile son travail dans des reportages, des expositions, des tirages photographiques et des ateliers pédagogiques. Ce livre d’une beauté esthétique incontestable illustre les qualités graphiques, esthétiques et la variété des écorces et de leurs textures à travers le monde. Il constitue, comme Cédric Pollet le dit lui-même, « un véritable hommage à l’arbre » que ce soit pour les écorces, mais aussi la forme des arbres à l’instar de l’étonnant baobab fony (Adansonia rubrostipa) au tronc en forme de bouteille. Grâce aux prises de vue de l’auteur, chacune de ces écorces prend des allures d’œuvre d’art. Elles sont présentées au fil du livre suivant un voyage imaginaire autour du monde partant d’Europe, passant par l’Amérique, l’Océanie, l’Asie pour s’achever en Afrique. Le photographe a parcouru le monde parmi les forêts, les parcs naturels comme celui des Everglades, les villages, mais aussi les plus réputés des jardins. Ainsi, il a notamment en France été séduit par l’if (Taxus baccata) et le pin Napoléon (Pinus bungeana) du parc de la Tête d’or* à Lyon (Rhône), par le pin parasol (Pinus pinea) et les arbousiers (Arbutus) du jardin Thuret* à Juan-les-Pins (Alpes-Maritimes), par les bambous « Moso » (Phyllostachys pubescens) et les bananiers du Japon (Musa basjoo) de la bambouseraie de Prafrance* à Générargues (Gard), par la fougère arborescente (Cyathea medullaris) du parc Phœnix* à Nice (Alpes-Maritimes), par la noline à longues feuilles (Nolina longifolia) du jardin Serre de la Madone* à Menton (Alpes-Maritimes), par le cerisier du Tibet (Prunus serrula) du jardin du Bois Marquis à Vernioz (Isère), par l’érable du Père David (Acer davidii) de l’arboretum national des Barres* à Nogent-sur-Vernisson (Loiret). D’autres jardins du monde, riches d’arbres aux écorces remarquables ont suscité l’intérêt de Cédric Pollet comme les jardins botaniques royaux de Kew (Angleterre) pour leur bouleau verruqueux (Betula pendula), leur châtaignier (Castanea sativa) et leur tabaquillo (Polylepis australis), comme les jardins botaniques royaux de Sidney (Australie) pour leur arbre bouteille du Queensland (Bracychiton rupestris), le jardin botanique de Brooklyn à New York (Etats-Unis) pour sa parrotie de Perse (Parrotia persica), l’Arnold arboretum à Boston (Etats-Unis) pour son érable cannelle (Acer griseum) et son camélia d’été (Stewartia pseudocamellia), le jardin botanique tropical de Fairchild à Coral Gables (Floride, Etats-Unis) pour son gaïac (Guaiacum officinale) ou encore le jardin exotique de Monaco* pour son tronc bouteille (Ceiba insignis). Bien évidemment l’auteur s’est aussi intéressé aux arbres considérés remarquables à travers le monde comme l’olivier (Olea europaea) bimillénaire de Roquebrune-Cap-Martin (Alpes-Maritimes), les séquoias du parc national de Séquoia (Californie, Etats-Unis) ou les pins Bristlecone (Pinus longaeva) de Californie.

Chaque écorce est présentée avec un gros plan sur une pleine page, avec en vis-à-vis une photographie de l’arbre et de son environnement, avec des détails mettant en avant toutes les palettes des couleurs et des motifs. Un petit texte complète cette iconographie révélant pour chaque arbre outre ses noms vernaculaire et scientifique, son origine, sa découverte, sa croissance, son écorce, son feuillage et d’autres informations plus passionnantes les unes que les autres comme le changement de couleur au fil des saisons de l’écorce de l’Acer daviddi ‘Rosalie’ ou encore les couleurs orange rouge de la gaine, du pétiole et de la nervure principale du Cyrtostachys renda qui lui valent le nom de « palmier rouge à lèvre ». Cédric Pollet fait part d’informations botaniques comme la récente confirmation d’ordre génétique que le platane à feuilles d’érable (Platanus x acerifolia) est bien issu d’un croisement entre Platanus occidentalis et Platanus orientalis, tout en rappelant sa vulnérabilité au chancre coloré. Sur le plan utilitaire, l’auteur metaussi l’accent sur les exploitations traditionnelles des arbres comme la récolte de la résine par le gemmeur dans les Landes, celle du latex sur l’hévéa en Indonésie, celle de la résine rouge du sang dragon (Dracaena cinnabari) au Yémen et l’exploitation du liège à Fréjus (Var).

Si les photographies valorisent les extraordinaires couleurs naturelles des écorces comme en témoigne celle du madrone du Pacifique (Arbutus menziesi) retenu pour illustrer la couverture, elles montrent aussi les différents graphismes et textures et notamment les aiguilles du févier de la Caspienne (Gleditsia caspica) ou de l’acacia à cornes de taureau (Acacia sphaerocephala). L’iconographie met aussi en valeur le port sculptural du tronc du gumbo limbo (Bursera simaruba), dit « tourist tree » et les dessins géométriques de l’écorce de l’arbre à blaireau (Pseudobombax ellipticum), de l’eucalyptus des neiges de Tasmanie (Eucalyptus coccifera), de l’eucalyptus arc-en-ciel (Eucalyptus deglupta) qui porte si bien son nom, en raison des lignes colorées de son écorce, ou encore, plus près de nous, les surprenantes « bouches » se formant à la surface de l’écorce du peuplier blanc (Populus alba). Quant au cyprès glabre (Cupressus glabra), il possède une écorce aux 1001 couleurs.

En outre, 10 doubles pages avec des mosaïques photographiques permettent des comparaisons visuelles et esthétiques sur des familles d’arbres et illustrent les thèmes des araucariacées, arbousiers, bambous, bois bouchon, bouleaux, érables, eucalyptus, palmiers, pins et de la cauliflorie (caractéristique de certaines plantes dont les fleurs poussent directement sur le tronc et les branches, sans tige comme l’arbre de Judée).

Si tout le monde connaît bien l’écorce blanche des bouleaux, celle se desquamant des platanes et encore plus rarement les érables dit « à peau de serpent », les 81 portraits d’arbres de cet album doivent faire ouvrir les yeux sur la richesse des couleurs naturelles des « peaux des arbres ». En effet, si quelques ouvrages précédents abordaient les écorces, aucun n’avait à ce point mis l’accent à travers de grandes photographies sur leur diversité et leur beauté. Une grande vertu à reconnaître à cet ouvrage, c’est qu’il incite à regarder de plus près les écorces des arbres y compris celles de ceux de nos rues, des parcs et jardins. Pour se rendre compte davantage de toute la richesse esthétique des écorces, il est recommandé de se rendre sur le site Internet de Cédric Pollet.

Ce livre a reçu pour son sérieux et sa rigueur scientifique, en juin 2009 le Prix artistique dans le cadre du « Prix Pierre Joseph Redouté 2009 »**.

* Plus d’informations

Pour en savoir davantage sur les jardins cités dans cette notice, il suffit d’un simple clic sur les liens suivants :

Parc de la Tête d’or

Jardin Thuret

Bambouseraie de Prafrance

Parc Phœnix

Jardin Serre de la Madone

Arboretum national des Barres

Jardin exotique de Monaco

** Pour en savoir davantage sur ce prix décerné dans le cadre du parc du château du Lude (Sarthe), il suffit d'un simple clic sur le lien suivant :

Parc du château du Lude



© Conservatoire des Jardins et Paysages / mai 2009

 
192 pages - 36.00 €
     
   
   
   
 
   
 
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