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Les jardins d’Eden n° 30

   
Auteur : Articles d'auteurs variés sous la rédaction en chef d’Ivo Pauwels
Editeur : Back to Basics
Date de dépôt : 2008

« Les jardins d’Eden » est le magazine trimestriel belge des arts et de la culture du jardin. D’une grande qualité autant sur le fond que sur la forme grâce à une iconographie exceptionnelle, chaque numéro aborde le monde du jardin comme aucune autre revue, est aussi intéressant qu’agréable à feuilleter et mérite sa place au sein des étagères de la bibliothèque de tout amateur de jardins. C’est un magazine que l’on a plaisir à conserver. Il n’est disponible que sur abonnement ou sur les stands de différentes fêtes des plantes parmi lesquelles « Plantes rares et de collection » à La Feuillerie à Celles (Belgique), « Jardins, jardin » au jardin des Tuileries* (Paris), les journées des plantes de Courson* (Essonne) ou encore les fêtes des plantes vivaces et des fruits et légumes d’hier et d’aujourd’hui de Saint-Jean de Beauregard* aux Ulis (Essonne).

Au sommaire de ce trentième numéro, un reportage est consacré à plusieurs jardins d’Auvergne parmi les plus représentatifs : l’arboretum de Balaine* à Villeneuve-sur-Allier (Allier) [Monument historique en 1993 et « jardin remarquable »], les jardins de la Chassaigne à Thiers (Puy de Dôme) [Inscrits à l’inventaire des Monuments historiques en 1999], les jardins du château de Beauvezeix à Coudes (Puy de Dôme) [Inscrit à l’inventaire des Monuments historiques en 1991], les jardins du château d’Opme* à Romagnat (Puy de Dôme) [« jardin remarquable »] et La Rose des prairies à Dourioux (Puy de Dôme). Sur cette prairie de 2 hectares, sont plantés un millier de rosiers dont certains au sein d’une allée évoquant les roses que l’impératrice Joséphine cultivait à la Malmaison* à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine). Deux villages auvergnats sont aussi à l’honneur : Courgoul (Puy de Dôme) et ses « pailhats » (terrasses de terre cultivable) restaurés et gérés dans une démarche éco-responsable et Champeix (Puy de Dôme) et ses enclos jardinés. Cet article est complété par les coordonnées des jardins pour pouvoir s’y rendre.

Un très beau texte de Dominique Guerrier Dubarle, agronome, ingénieur horticole et paysagiste, dans un style poétique invite à découvrir les jardins de Valloires* à Argoules (Somme) depuis les plateaux céréaliers picards jusqu’à l’abbaye reconstruite en 1741 en passant par une route en courbes de l’arrière-pays côtier et la vallée humide de l’Authie. Ces jardins sont distingués par le label « jardin remarquable », décerné par le Ministère de la culture et de la communication sur des critères de composition, d’intégration dans le site, de qualité des abords, d’intérêts botanique et historique, d’entretien et de gestion. En 1989, leur aménagement est confié à Gilles Clément, jardinier, ingénieur horticole, paysagiste, écrivain et enseignant à l’Ecole nationale supérieure du paysage à Versailles (Yvelines), qui imagine ici un jardin de collections botaniques : cloître végétal, roseraie, jardin d’eau… Une allée bordée de 80 Prunus ‘Mount Fuji’ et ‘Shirotae’ souligne différentes « îles » plantées (île des épines douces, île d’hiver, île d’argent, île d’or, île des feuillages pourpres, île des papillons, chambre des cerisiers...). En 2000, Gilles Clément compose le « jardin de l’Evolution » en hommage au grand naturaliste Jean-Baptiste Lamarck (1744-1829), enfant du pays et auteur d’une première théorie sur l’évolution des espèces (un demi-siècle avant Charles Darwin). Des ce jardin, deux escaliers symbolisent cette évolution. Outre le végétal, le minéral occupe une place de choix autant dans le jardin que dans cet article, évoquant le monde des origines, permettant aussi d’inscrire en gravure des extraits des œuvres du biologiste ou encore des dallages asymétriques avec des joints prévus pour que les mousses puissent y pousser. Contrastant avec les longues perspectives de la première phase, la végétation de ce jardin est plus dense et renferme trois chambres respectivement dédiées aux Etres (la biologie), à l’Erosion (la géologie) et aux nuages (la météorologie), trois sciences au sein desquelles le rôle de Jean-Baptiste Lamarck est appréciable. Quant aux plantes, elles illustrent l’évolution des végétaux, avec leurs formes variées, des magnoliacées aux poacées, en passant par les renonculacées, apiacées, astéracées... Photographies, dessins, plans et esquisses agrémentent les propos de l’article avec réalisme pour définir le cadre de ce jardin de l’Evolution.

Autre site d’exception, puisque visible uniquement sur réservation auprès de l’agence impériale (dont les coordonnées et les conditions de visites sont communiquées en fin d’article), les jardins de Katsura à Kyôto (Japon) sont un domaine avec une villa impériale et un grand « jardin étang » et plusieurs pavillons de thé. Illustré de belles photographies de détails, l’article commente les principaux éléments constituant le site [bambous, chemins, ponts, bâtiments, architecture et l’étang principal (pivot du jardin)] et incite à demander l’autorisation de les voir dans le cadre d’un voyage au pays du Soleil levant.

2008 est à la fois l’année du cinquantenaire de l’exposition universelle de 1958 à Bruxelles (Belgique), mais aussi celle du centenaire de la naissance de René Pechère (1908-2002). Il est le plus célèbre des paysagistes bruxellois, à la fois concepteur, jardinier, enseignant, historien et bibliophile. Sa bibliothèque sur le thème des jardins, considérée comme l’une des plus complètes d’Europe, est depuis les années 1980 gérée par une fondation. Il est aussi auteur et a notamment écrit « Grammaire des jardins, secrets de métier » (Racine, 1987). René Pechère a d’abord travaillé chez Jules Buyssens (1872-1958). Plus tard, il lui succède même à la tête du service des plantations de la Ville de Bruxelles. Son parcours est lié aux différentes expositions universelles : chef de projet pour celle de 1935 à Bruxelles, responsable du jardin du pavillon belge à l’exposition universelle de 1937 à Paris et co-responsable de l’exposition universelle de 1958 à Bruxelles pour laquelle il réalise trois jardins : le jardin Moderne, le jardin Flamand des 4 saisons et surtout le jardin Congolais, inspiré des motifs du velours des Kassaï, de la vannerie rwandaise, et des sabres et pagnes traditionnels. Quant à l’avoine, le seigle et les bambous, ils évoquent la savane africaine du Congo (colonie belge jusqu’en 1960 et aujourd’hui République démocratique du Congo). Une perspective à la plume de ce jardin illustre l’article. Après la seconde Guerre mondiale, René Pechère ouvre son propre bureau. Il aura plus de 900 jardins à son palmarès. Il est notamment connu pour ses interventions au parc du palais Het Loo à Apeldoorn (Pays-Bas), au parc du château de Belœil (Belgique), au jardin du château fort d'Ecaussinnes-Lalaing (Belgique), aux jardins du château de Seneffe (Belgique), aux jardins du château de Breteuil* à Chevreuse (Yvelines), au jardin du château de Dureil (Sarthe), au parc du château de Corbeil-Cerf* (Oise) et au jardin des simples de la maison d'Erasme à Bruxelles. Le plus emblématique est sans doute le jardin du musée David et Alice van Buuren à Bruxelles, comportant le « labyrinthe des Cantiques » et le « jardin du Cœur », le premier faisant allusion au tableau « La chute d’Icare » (longtemps attribué à Pierre Breughel l’Ancien), pièce maîtresse de la collection d’art du couple van Buuren, et le second étant un hommage à David van Buuren alors récemment disparu. René Pechère est aussi un ardent défenseur du métier de paysagiste. Il est l’un des fondateurs et même l’un des présidents de l’IFLA (Fédération internationale des architectes paysagistes). Enseignant et homme cultivé, il attachait de l’importance à la formation du métier. Il est créateur en 1968 du Comité international des jardins et sites historiques de l’International Council of Monuments and Sites (ICOMOS) de l’Unesco. « J’estime qu’un véritable architecte paysagiste doit être un spécialiste de l’histoire, de l’urbanisme, de l’arboriculture et de l’horticulture, de l’art du dessin et de la perspective. Il doit visiter des pépinières mais aussi des expositions d’art. Il doit s’agir d’une personne cultivée, qui a lu ses classiques. Il doit aimer la musique et beaucoup voyager… ». Assurément cet homme mérite d’être davantage connu tant pour son œuvre, son art, que pour ses écrits.

La traditionnelle rubrique « Nervures » est dédiée à la vie du célèbre et remarquable arboretum de Kalmthout (Belgique) proposant un état des lieux saisonnier, des lectures différentes du site, sans oublier des brèves, les événements et un agenda pratique. Les différents articles la constituant sont préfacés par Abraham Rammeloo, conservateur de l’arboretum qui dresse un point saisonnier sur l’avancement des plantations et les activités. La guide et collaboratrice, Bie Wouters, s’intéresse à une lecture du paysage de Kalmthout. Cette fois, elle invite à voir à travers les plantes leur histoire, au-delà de leur intérêt botanique, à l’instar du groupe serré de hêtres pourpres monumentaux (Fagus sylvatica ‘Atropunicea’) qu’un visiteur dénomme une « cathédrale vivante », mais qui a pour origine des arbres mis en jauge du temps où l’arboretum était encore une pépinière (1850-1950) et qui ont continué à croître. Bien d’autres centres d’intérêts sont à apprécier à Kalmthout comme les massifs dits « d’Oudolf » [plan d’aménagement originel de Russell Page (1906-1985) et plan de plantations récent par Piet Oudolf] avec la liste de plusieurs de ses vivaces et graminées sélectionnées. Une plante de l’arboretum est aussi à l’honneur avec des conseils de culture : l’arbre à franges de Chine (Chionanthus retusus).

Outre ces articles de fond, d’autres sont au sommaire de ce numéro et concernent notamment des monographies sur une plante vue à la loupe ou des reportages sur un jardin du monde, des portraits de jardiniers ou de paysagistes ou encore des conseils de jardinage. Ainsi ils traitent notamment des clématites, du Cornus kousa, des grimpantes annuelles, des salades, des nénuphars, cognassiers et Poncirus des plantes à fleurs ou à feuillages jaunes. Enfin, un agenda très complet des manifestations relate les différentes fêtes des plantes et expositions d’outre-Quiévrain, luxembourgeoises et de France, sans oublier un point sur les dernières parutions hortésiennes. Il est aussi à noter que deux versions de cette revue sont disponibles : « Les jardins d’Eden » pour les francophones et « De tuinen van Eden » pour les néerlandophones.

 

* Plus d’informations

Pour en savoir davantage sur les jardins cités dans cette notice, il suffit d’un simple clic sur les liens suivants :

Jardins des Tuileries et du Carrousel

Parc de Courson

Parc-domaine de Saint-Jean de Beauregard

Arboretum de Balaine

Jardins du château d’Opme

Parc de la Malmaison

Jardins de Valloires

Jardins du château de Breteuil

Parc du château de Corbeil-Cerf



© Conservatoire des Jardins et Paysages / novembre 2008

 
160 pages - 7.00 €
     
   
   
   
 
   
 
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