Auteur : Alain Toublan Editeur : Alizé / Connaissance des jardins
Date de dépôt : 2008
« Et si la vocation finale des jardins était de proposer un ailleurs à la fois unique et composante à part entière du paysage, y compris en milieu urbain ? ». Cette réflexion est celle d’Alain Toublan, auteur de ce nouveau volume de la collection « Les jardins d'ici... » des éditions « Alizé - Connaissance des jardins », spécialisées dans la promotion des jardins de France. Il répond en fait à cette question dans cet ouvrage consacré au département de la Loire-Atlantique. Comme les précédents volumes dédiés aux « Jardins en Vendée, Pays de la Loire » et à ceux du Morbihan, il est toujours illustré de photographies en couleurs, mais adopte un nouveau format un peu plus carré et surtout s’ouvre vers la gastronomie en proposant de savoureuses découvertes gourmandes (potager, viticulteur, cidrerie, chocolatier, fabricant de confitures, restaurateurs…) et des rencontres de professionnels (arboristes, artistes peintres, fleuristes, fabricants de mobilier de jardin, élagueur, pépiniéristes…). Cet ouvrage achève ainsi la couverture de la région Pays de la Loire, déjà traitée à travers les précédents volumes consacrés au Maine-et-Loire, à la Mayenne, à la Sarthe et à la Vendée. Alain Toublan, consultant en communication à la retraite, passionné de jardins et de paysages, a arpenté les routes et chemins de sa région, pendant un an et demi pour rencontrer des femmes et des hommes motivés par leur pays et leur activité. Il en résulte ce guide épicurien permettant de flâner l’eau à la bouche dans les paysages mariligériens. Depuis cette aventure, Alain Toublan a créé le « Coquelicot bleu », une micro-entreprise, dont l’objectif est de faire partager la passion (communication et découverte de jardins, paysages et saveurs). Il l’anime en organisant des journées découvertes suivant les adresses sélectionnées au fil des pages pour ainsi rencontrer des professionnels et amateurs, jardiniers, artisans, producteurs, hôtes, passionnés, dans les domaines du jardin et du goût. La lecture de ce livre est donc un avant-goût de ces éventuelles rencontres en compagnie d’un homme motivé.
La préface est signée de Jacques Soignon, directeur du service des Espaces verts et de l’environnement de Nantes, qui qualifie ce livre de « guide de bonnes adresses du jardinier gourmand » et « comme une évidence pour qui aime nos jardins des bords de Loire ». Ce nouveau guide regroupe ainsi plus de 130 adresses sélectionnées parmi les plus représentatives du patrimoine des jardins de Loire-Atlantique et de la filière horticole constitué, comme le rappelle la couverture, de jardins privés, parcs publics, jardins partagés, pépiniéristes et horticulteurs, paysagistes, chambres d'hôtes entourées de jardins, adresses gourmandes, associations, collectivités locales et territoriales et coups de cœur. Afin de faciliter le choix d'une visite, 7 pictogrammes définissent et indiquent les spécificités des lieux sélectionnés comme parcs, jardins, arboretums, roseraies, villes fleuries, jardins familiaux, sites naturels, associations et fêtes des plantes à travers tout le département. Le premier définit les jardins, parcs, paysages, arbres remarquables, collectivités locales, le deuxième concerne les pépiniéristes, horticulteurs, paysagistes et les cinq suivants indiquent respectivement les associations, les chambres d’hôtes, les adresses gourmandes, les horticulteurs et pépiniéristes de France et enfin les coups de cœur d’Alain Toublan. Une carte des Pays de la Loire reprend sept territoires correspondant à autant de parties du livre dans lesquelles les adresses sont classées : Nantes, pays nantais, pays du vignoble nantais, pays d’Ancenis, pays de Châteaubriant, pays de Retz et pays de la presqu’île guérandaise. Les adresses sélectionnées (avec coordonnées téléphoniques et conditions d’ouverture) sont classées en parcs et jardins, associations, entreprises et organismes. Chaque lieu est ensuite présenté avec son adresse, ses accès et horaires d’ouverture et une description en quelques lignes. A Nantes, le jardin le plus connu est le jardin des plantes de Nantes* à l’extraordinaire diversité botanique s’étendant sur 7 hectares. Il comprend notamment le plus ancien magnolia (Magnolia grandiflora) d’Europe planté en 1807 par Jean-Alexandre Ecorchard. Les autres jardins nantais réputés sont le parc de la Beaujoire* créé en 1971 pour accueillir les 3e Floralies internationales et à apprécier pour sa roseraie et son jardin d’iris, le parc de la Gaudinière* pour sa rocaille alpine ou encore le parc du Grand-Blottereau* pour la colline de Suncheon (jardin coréen créé en 2005) et avec en projet pour 2010 l’aménagement du vallon du Drakensberg devant accueillir la flore d’Afrique du Sud et surtout cadre le premier week-end de septembre de la « Folies des plantes », manifestation de référence nationale pour les amateurs de jardins et du monde végétal. Le jardin japonais de l’Ile de Versailles* a, quant à lui, une atmosphère dépaysante. Ensuite, le parc de Procé* a été cité par André Breton dans « Nadia » (1927) : « Peut-être la seule ville de France où j’ai l’impression que peut m’arriver quelque chose qui en vaut la peine… Nantes où j’ai aimé un parc : le parc de Procé. ». Ce parc comporte quatre statues (« La Botanique », « Le Bûcheron », « La Sculpture » et « La Moisson ») provenant de l’ancien Trocadéro (Paris), trois figures allégoriques (« La Loire », « Le lac de Grand-Lieu » et « L’Océan ») issues du fronton de l’ancienne poissonnerie de l’île Feydeau à Nantes et surtout un remarquable pavillon mauresque des anciens salons Priou à Nantes et sauvé par Roland Jancel, ancien directeur du service des Espaces verts et de l’environnement de Nantes. Quant au Cimetière parc*, il n’a pas l’image traditionnelle des sites funéraires notamment grâce à une présence végétale prépondérante (10 400 arbustes et 800 arbres). Enfin, avec son ancienne ferme, ses écuries, son potager et ses animaux, le parc de la Chantrerie a un rôle pédagogique en particulier avec sa ferme d’éveil. Il est ainsi un jardin naturel de référence. Autre site nantais à vocation éducative, le parc potager de la Crapaudine est un lieu où le lien social est aussi important que la démarche favorisant la biodiversité parmi des jardins familiaux. Toujours à Nantes, le jardin des Nectars est considéré comme « mémoire vivante de lieux et d’activités arboricoles fruitières aujourd’hui disparues ». Toutes les autres adresses de ce guide ne peuvent être citées à travers ces lignes, néanmoins quelques-unes sont à apprécier comme le jardin des Hespérides, au sein de la Ferme fruitière de la Hautière à La Chapelle-sur-Erdre, permettant de rentrer dans l’histoire fruitière planétaire suivant 8 thèmes : la Loire-Atlantique, le monde, la Méditerranée, les fruits sauvages, les fruits nouveaux, le Néolithique, les variétés botaniques et les fraises. Le jardin de la Plage verte à Sucé-sur-Erdre est le jardin d’une artiste organisant des stages de décoration et de dessin et des expositions. Son jardin luxuriant avec cascades, bassin, ruisseau et étang est planté de bananiers, Gunnera, phormiums, cordylines, fougères arborescentes… Le sculpteur Jean-Claude Lambert a aménagé l’étonnant parc de sculptures monumentales de Mouzeil où prennent place des monolithes en granit gris bleuté, des sculptures en bois, des troncs de Sequoia sempervirens et une fontaine, mis en scène par l’inspiration suscitée par l’indissociable couple formé par la nature et l’humain. Le Palais Briau, anciennement « château de la Madeleine », à Varades est un palais italien en brique et pierres et entouré d’un parc conçu par l’architecte Edouard Moel servant de cadre à des chambres d’hôtes. « Saffré Joli tout fleuri » est un jardin associatif hors du commun au pays de la pierre bleue (à Saffré) créé en 1999 avec pour maître mot « récupération » et est le cadre chaque 3e week-end de septembre d’une fête des plantes. Le parc du Plessis à Saint-Aubin des Châteaux a été rénové par son propriétaire, l’architecte-paysagiste Jean-Pierre Prime, qui a notamment sur d’anciens tracés ressuscité un jardin d’esprit « à la française », découpé en quatre carrés, servant de terrains de croquet et est à découvrir lors des visites guidées sous la conduite de l’érudit maître des lieux. Le jardin d’Agnès à Saint-Vincent-des-Landes, comprenant un jardin des cinq sens, un bassin, un sous-bois, une roseraie, un jardin du silence et un potager, est un site où la propriétaire s’engage à « éveiller les visiteurs aux bonheurs de la nature ». Le jardin Etoilé à Paimbœuf, libre d’accès, a été créé dans le cadre de l’édition 2007 d’« Estuaire », biennale d’art contemporain imaginée par Jean Blaise, directeur du Lieu Unique à Nantes, et prenant la forme d’un parcours artistique et festif établi de Nantes à Saint-Nazaire, sur les 60 kilomètres de rives les reliant. Ce jardin réalisé par l’architecte Kinya Maruyama d’après un conte de Kenji Miyazama et d’un dessin de la constellation de la Grande Ourse est un lieu atypique, mêlant bâti et nature, terre et mer, matériaux vernaculaires et koï nobori (drapeaux en papier en formes de carpes). Perches de châtaignier, ardoise, sable et terre des bords de Loire, filets de pêche et à oiseaux, roseaux y composent un décor hors du commun. Les jardins de Kermoureau à Herbignac ont été ouverts pour la première fois en 2007 dans le cadre du Neurodon (campagne nationale de soutien à la recherche sur le cerveau et les maladies cérébrales). Ils sont à voir pour leur allée bordée de chênes centenaires et de rhododendrons, leur calvaire, leur mare aux lentilles d’eau, leur petite ruine, leur étang aux Nénuphars et leur jardin d’herbes aromatiques.
Les plus atypiques de tous ces jardins sont ceux du Marais* à Herbignac dus à Annick Bertrand et Yves Gillen, avec la volonté de dépendre le moins possible de la société de consommation. Ils ont en effet posé leur roulotte en plein marais de la Grande Brière il y a une trentaine d’années. Ils ont réussi ainsi à créer leurs jardins biologiques et à se nourrir sainement des produits y poussant, dans une démarche de respect de la nature et du sol. Récupération et préservation de l'environnement sont les maîtres mots de ce couple hors du commun symbolisant un certain idéal de vie.
Outre ces jardins, les services espaces verts municipaux sont à l’honneur comme l’un des plus réputés de France, celui de Nantes, mais aussi ceux de La Chapelle-sur-Erdre ou de la Haye-Fouassière. Parmi les associations, sont notamment cités « parcs, jardins et paysages de Loire-Atlantique », la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO) avec ses refuges labellisés, la Société nantaise d’horticulture... Site emblématique, le lycée Jules Rieffel à Saint-Herblain, seul établissement public d’enseignement agricole en Loire-Atlantique, intègre les théories et les pratiques du « jardin en mouvement » dans le cadre d’un BTS, sous les regards attentifs de Gilles Clément, de Claude Figureau et de Jacques Soignon. Il comprend donc un vrai jardin en mouvement réalisé avec les élèves et composé de six parcelles : prairie aux orchidées, pré de lumière (prairie fleurie), les belles « indésirables », le chaos (labyrinthe), le vallon des presles et des senteurs et la forêt miniature. Au cours de ces textes, outre les descriptions des sites, l’histoire des lieux est retracée avec la présence de grands noms du jardin, d’hier et d’aujourd’hui, comme Dominique Noisette, Paul Plantiveau, Louis Soulard, Jean-Pierre Prime…
Enfin, pour ses « coups de cœur », l’auteur explique pour chacun d’eux ses motivations personnelles pour des sites ou des personnes. Est notamment à apprécier Gorges, commune du Clissonnais aux allures italiennes et au fleurissement équilibré entre plantes sauvages et horticoles. Le jardin de la Roche Saint-Louis à Sainte-Pazanne (celui de Dominique Voisin, pépiniériste passionnée de plantes vivaces et d’arbustes) est à considérer comme une pépinière de référence en Loire-Atlantique.
Dans les descriptions d’Alain Toublan, il ressort que celui-ci a passé du temps au sein de ces jardins. Il livre ses sentiments personnels pour tel lieu, ses plantes préférées ou tel personnage. Au fil des textes, il propose des promenades avec parfois des suggestions gourmandes, de découvertes ou de balades à proximité avec les adresses correspondantes. Ce guide est donc autant pratique que témoin d’une sensibilité envers les richesses du terroir mariligérien.
* Plus d’informations
Pour en savoir davantage sur les jardins cités dans cette notice, il suffit d’un simple clic sur les liens suivants :
Jardin des plantes et jardin botanique de Nantes
Parc de la Beaujoire
Parc de la Gaudinière
Parc du Grand-Blottereau
Jardin japonais de l’Ile de Versailles
Parc de Procé
Cimetière parc
Jardins du Marais
© Conservatoire des Jardins et Paysages / novembre 2008 |
|
128 pages - 16.00 €
|