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Jardins & contes de fées au château du Rivau

   
Auteur : Bénédicte Boudassou
Photographies - Illustrations : Henri Gaud
Editeur : Gaud, collection « Regards »
Date de dépôt : avril 2008

Bernard de Palissy disait « Je n'ay trouvé en monde une plus grande délectation que d'avoir un beau jardin ». Cette expression convient parfaitement à Patricia Laigneau, propriétaire et créatrice débordante d’enthousiasme, d’énergie et d’imagination des jardins du château du Rivau* à Lémeré (Indre-et-Loire). Cette passionnée considère que la création jardinière constitue une réaction au désenchantement du monde. Ses jardins en sont une démonstration concrète et sont qualifiés « de contes de fées ». Eric, son époux, s'est chargé de la restauration du château et Patricia, après un cycle d'études à l'Ecole nationale supérieure du paysage à Versailles et la consultation d'ouvrages de maîtres jardiniers des siècles précédents, est passée à la pratique pour mettre en œuvre ses rêves car elle a continuellement des idées. Il en résulte des jardins contemporains, allégoriques, mais organisés suivant l’archétype de la tradition médiévale et des enluminures, invitant à un voyage à travers légendes, sculpture et botanique. Pour cela, elle compose avec les plantes existantes et surtout crée in situ en respectant lieu, configuration, exposition et nature. Bénédicte Boudassou (auteur également de « Jardins de Picardie et du Nord-Pas-de-Calais ») présente dans cet ouvrage la genèse des jardins, le travail des jardiniers et le choix des plantes. Elle invite ensuite à entrer dans les différents espaces et à les découvrir sous différents aspects : littérature, symbolique, botanique et techniques.

Au cœur même de la Touraine, sur 5 hectares, les jardins du château du Rivau sont le fruit de l'aventure créatrice menée tambour battant par Patricia Laigneau pour donner vie et continuellement renouveler des jardins inspirés par un monde imaginaire et fantastique. Sculpture, littérature et art des jardins sont réunis en ces lieux pour donner vie à un univers à nul autre pareil. Des pots de fleurs se transforment en une famille de jardiniers, des branchages en gardiens du labyrinthe ou encore des fers en dragons et autres personnages fantastiques. A une dizaine de kilomètres au nord de la cité idéale de Richelieu et de son parc, parmi les champs de céréales, s'élève la silhouette du château du Rivau à la blancheur quasi irréelle. Bâti en pierre de tuffeau, il a vraiment des allures de château de conte de fées. Cet imaginaire est retranscrit dans le végétal et le minéral, la croissance des plantes renforçant le côté féerique des scènes. Cet enchantement parle d'abord aux enfants, mais aussi à l’enfant qui sommeille en chaque adulte. Ceci se ressent dès la cour où prend place le potager de Gargantua avec ses courges et dahlias. C’est un hommage local car François Rabelais est un enfant du pays. Dans son œuvre, Grandgousier offre le château du Rivau au capitaine Tolmère, en récompense de ses victoires aux guerres picrocholines. L’histoire locale reste présente sur ce site où, dans la cour, des vignes régionales permettent de conserver la mémoire des vieux cépages cultivés en Val de Loire.

La féerie des jardins passe à travers des personnages sculptés, en topiaire, en métal comme des lutins, des nains, un ogre, des cartes à jouer d'Alice au pays des Merveilles, un dragon ou encore le Petit Poucet. Le monde animal renforce le caractère imaginaire du lieu avec des paons, papillons, des canards ou des lapins excessivement gourmands des jeunes plantations. Un autre lapin, plus symbolique, reste immobile au sein du labyrinthe d'Alice. Nichoirs et ruches témoignent de la présence d’une autre faune encore. Le caractère médiéval du lieu est rehaussé par un mobilier en bois et d'élégantes structures réalisées avec des gaulettes de châtaignier (plessis, bancs, gloriettes, arceaux, bordures) participant pour beaucoup à l'esthétique du lieu. Des vignes conduites sur de très graphiques crinolines ou un remarquable labyrinthe participent aussi au décor des jardins. Bien évidemment le monde végétal est très présent au sein des différentes parties du site, à commencer par les harmonieuses associations de plantes chères à la propriétaire. Les photographies d'Henri Gaud mettent ainsi à l’honneur les parterres des lavandes, les Crocosmia 'Lucifer', les collections d’iris et de pivoines, les graminées et bien sûr les roses telles que 'Graham Thomas', 'Alan Tichmarsh', ou 'Sénégal'. Il est à signaler en particulier la collection de roses parfumées agréée par le CCVS (Conservatoire des Collections Végétales Spécialisées). Grâce à un partenariat avec David Austin, les jardins du Rivau sont également depuis 2006 un terrain d'expériences en France pour le célèbre rosiériste britannique. Vivaces, couleurs, parfums, graminées et rosiers constituent un décor riche, varié et fleuri. Les plantes sont étiquetées afin que les visiteurs puissent retrouver les noms de celles les ayant séduits dans les pages des catalogues de pépiniéristes. Au pied de grands épicéas remontés, la « Cassinina » (du nom du lieu d'accouplement mythique choisi par les amours des parents des neuf muses : Zeus et de Mnémosyne, muse de la mémoire) est une allée longeant une haie champêtre d'arbustes à fleurs et à fruits, abritant une faune sauvage, à remarquer pour sa diversité de formes, couleurs et parfums. Outre tous ces jardins, présentés les uns après les autres, et remarquablement illustrés par les photographies, l'intérêt de ce livre pour tout jardinier est le principe de petits encadrés détaillant à chaque fois l'entretien des différentes parties du jardin (graminées, compost, haies taillées, dahlias, iris, rosiers grimpants…). Des idées sont donc à reprendre à l’instar du paillage en « grabotte » (écorce d'osier) ou le « Clin d'œil » (perspective ménagée sur le château à travers la forme d’un œil réalisé grâce à une ouverture dans une haie et les frondaisons d’arbres). Des thèmes sont développés au fil de ce superbe livre comme les arbustes à baies, la symbolique des plantes au Moyen âge ou encore les œuvres d'artistes permanents ou prêtées temporairement, suscitant toujours des questions ou l'étonnement. Il en est ainsi de sculptures comme « La forêt qui court » de Basserode, « Après la pluie » de Nicole Tran ba Vang, « Piercing » de Philippe Ramette ou encore le « Pot rouge » de Jean-Pierre Raynaud. En effet, la propriétaire est une passionnée d’art contemporain. En fin d’ouvrage, un plan en perspective permet de localiser aisément les parterres de lavandes, l'allée des pommiers, le potager de Gargantua, le pédiluve, le Petit Poucet, la Forêt enchantée, la Bordure délice, Alice au pays du Rivau, la famille Pots-de-fleurs, la cabane de l'ogre, la truffière, les ruches, la Forêt qui court, le chemin décisif, la Cassinina, le tapis des Mille-fleurs, le verger de Paradis, l'allée parfumée, le jardin des Philtres d'amour et le jardin secret.

Cherchant à susciter l'intérêt de manière permanente, Patricia Laigneau remet perpétuellement son travail en question pour composer un jardin raffiné évoluant constamment afin de donner l'envie de revenir aux visiteurs. Ses efforts ont été récompensés par l'obtention du label « jardin remarquable », décerné par le Ministère de la culture et de la communication sur des critères de composition, d’intégration dans le site, de qualité des abords, d’intérêts botanique et historique, d’entretien et de gestion. Ce lieu mérite donc assurément une visite pour voir quelle association a pris le relais de la bordure de coquelicots au bord de la Cassinina, pour déjeuner au sein de la Table du Rivau ou pour voir le denier né des jardins, celui de la princesse Raiponce qui évoque la belle héroïne aux longs cheveux du conte des frères Grimm. Cette princesse porte le nom d'une fleur (Campanula rapunculus). Ce jardin en est donc planté en compagnie d'autres vivaces graphiques et de graminées (Veronicastrum virginicum 'Fascination', Panicum virgatum 'Dallas Blues', Agastache 'Black Adder' et Sesleria autumnalis) tandis que le visiteur aperçoit la chevelure dorée de la princesse pendre depuis une fenêtre d’une tour du château. Si les jardins du Rivau ont été imaginés à partir de références littéraires, ils deviennent ainsi, à leur tour, un nouveau lieu d'inspiration, message que poursuit ce livre.

Dans la même collection « Regards », vient également de paraître « Le Domaine du Rayol, le jardin des Méditerranées ».

* Plus d’informations

Pour en savoir davantage sur le jardin cité dans cette notice, il suffit d’un simple clic sur le lien suivant :

Jardins du château du Rivau



© Conservatoire des Jardins et Paysages / août 2008

 
170 pages - 29.00 €
     
   
   
   
 
   
 
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