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Polia, revue de l’art des jardins n° 8

   
Auteur : Articles d’auteurs variés sous la direction de rédaction de Marie-Hélène Bénetière
Editeur : Association pour l’histoire de l’art des jardins / Findakly
Date de dépôt : décembre 2007

Le numéro automnal de l'année 2007 de « Polia », la revue semestrielle de référence en matière d'art des jardins, donne, comme d’habitude, la parole à des historiens, des enseignants, des chercheurs, des archéologues, des paysagistes, tous des professionnels évoluant dans l'univers des jardins historiques.

L'éditorial est signé par Carmen Añon Feliù, paysagiste et présidente d'honneur du Comité international paysages culturels ICOMOS-IFLA. Elle revient sur les origines du mot et du concept du paradis puis du jardin, sur l'importance de l'archéologie dans les interventions au sein des jardins historiques et sur les livres auxquels elle se réfère et aux nombreux auteurs qu’elles aime citer parmi lesquels Penelope Hobhouse, Jean-Marie Pelt, Anna Pavord, Mark Laird, Monique Mosser, Marguerite Charageat, Ernest de Ganay ou Michel Baridon. Parmi les paysagistes dont le travail est une référence, il y a surtout Edouard André. Carmen Añon Feliù accorde surtout dans le monde du jardin une place importante à la technique et à la formation pluridisciplinaire du paysagiste.

Quatre études figurent au sommaire de ce numéro de Polia. Chacune est étoffée d'une sérieuse iconographie avec des photographies d'époque et contemporaines ainsi que des reproductions (plans, gravures, peintures, perspectives, photographies aériennes...).

La première étude est consacrée au domaine de la grotte de Brando, situé au lieu-dit Marmoraggia à Erbalunga dans le cap Corse (Haute-Corse), due au conservateur du patrimoine, Yves Cranga, et à son épouse Marie-Françoise, historienne. Témoin d'un art des jardins spécifique à la Corse, ce domaine organisé sur une falaise doit sa notoriété à une grotte naturelle découverte en 1841 qui vit la visite du prince Napoléon en 1862. Il fut aménagé par l'officier du génie Philippe Ferdinandi. Parmi les chênes verts, vignes, oliviers, cédratiers, myrtes et lauriers, tout un paysage de terrasses est organisé avec escaliers, abris, maison du gardien, rotonde, temple observatoire, cabane primitive, la villa (la « Favorita »)... Ce patrimoine, semblable à des fabriques est également caractérisé par des inscriptions gravées (Dante, Emile de Girardin...) et des œuvres en rocaillage. Après une vague touristique étalée jusqu'à la seconde Guerre mondiale, le site est aujourd'hui à l'abandon, mais des chercheurs s'attellent à valoriser ses dimensions culturelle et naturelle (« démaquisage » et consolidation). Le deuxième article a pour thème les fruits de la « civilité Françoise » (l'engouement des élites du XVIIe siècle pour le jardin fruitier-potager). Y sont rappelés les symboles (offrir des fruits et légumes de son jardin) et la valeur des jardins fruitiers et potagers de « cabinets de curiosités ». La culture en espalier est plébiscitée. Ce texte fait référence aux écrits d'Arnauld d'Andilly, Nicolas de Bonnefons, Jean-Baptiste de La Quintinye et à des sites prestigieux comme le Potager du Roi à Versailles* (Yvelines) ou encore les jardins du château de Lanniron* à Quimper (Finistère). Dans la troisième étude, Marie-Blanche Potte, conservateur du patrimoine, avec « Comme je m'assieds se conçoit le jardin » aborde les prémices à une histoire typologique des corps en Hortésie. Sous ce sous-titre un peu élitiste, l'auteur analyse la position assise au sein du jardin et en particulier au travers de l'iconographie de la Vierge dans ces sites, puisée dans des œuvres d'artistes tels que Albrecht Dürer, Barthélemy Van Eyck... Les bancs, sièges, salles de verdure sont donc toujours des lieux propices à l'abandon, l'apaisement voire l'appartenance au jardin. Le simple fait de s'asseoir est aussi traité à travers les photographies familiales ou grâce à des exemples ou expériences au sein de sites comme le jardin Serre de la Madone* à Menton (Alpes-Maritimes) ou le parc Maria Luisa à Séville (Espagne). La dernière étude, due à Yves-Marie Allain, vice-président de notre association, traite des étiquettes. Support de connaissance mais aussi outil de transmission de la nomenclature botanique, les étiquettes sont abordées sous toutes leurs formes (zinc, plomb, carton, verre, terre cuite, faïence, cuivre, celluloïd, bois, papier, parchemin, verre, céramique...). Le mot « étiquette » se substitue à « marque » et ne fait son apparition qu'au début du XIXe siècle dans l'almanach annuel du « Bon jardinier », la plaçant ainsi au rang des outils du jardinier. L'article revient sur son histoire en passant par les recommandations de Duhamel du Monceau, les jardins botaniques comme celui de l’Université de Leiden (Pays-Bas) ou le jardin des Plantes* (Paris). L'arrivée de l'informatique, mais de tout temps le décryptage de l'information renseignée reste lié à la capacité de lecture et aux moyens apportés pour y parvenir et une question persiste toujours au sujet du couple « plante - étiquette » et leur intérêt l'une sans l'autre.

Un article détaille trois exemples de prospection géophysique par la méthode électrique appliquée à l'archéologie des jardins. Celle-ci consiste à la mesure des variations de la résistivité électrique permettant de détecter les aménagements enfouis. Les exemples choisis sont le parc de la Commanderie à Rixheim (Haut-Rhin), le jardin de la Ménagerie à Sceaux (Hauts-de-Seine) et le parc du château d'Yville-sur-Seine (Seine-Maritime). Cette méthode a permis de localiser maçonneries, bassins, cheminements, fossés, canalisations, drains, trous de plantations et autres vestiges afin de mieux comprendre l'histoire des jardins, leur évolution et leur composition.

Enfin et à la une de ce numéro, le parc de Courances* (Essonne) est à l'honneur avec un entretien avec Valentine de Ganay permettant de comprendre comment est entretenu, animé et remis en état un jardin ancien. Les choix entrepris pour les différents secteurs du lieu (jardin japonais, alignements de peupliers, statuaire, remontage du « Dôme », signalétique...), les animations imaginées et les relations avec les différentes administrations, sont les thèmes abordés montrant combien Courances est un jardin toujours vivant et en évolution car, comme le dit Valentine de Ganay, « On n'entretient pas un jardin par conscience du devoir, mais par envie de partager des plaisirs. ».

Selon le traditionnel principe de « Polia », tous ces textes font l'objet de résumés analytiques bilingues (français et anglais), de manière très pratique, en fin d’ouvrage, avec des mots-clefs facilitant les recherches sur un thème donné [acédie, animation d'un jardin, archéologie des jardins, banc de verdure, cabinet de curiosités, espalier, étiquettes, jardin botanique, nomenclature, pépinière, rocaillage, romantisme, signalétique, Valentine de Ganay…]. Enfin, comme à chaque numéro, sont annoncés les colloques et expositions, à l'instar du colloque « Potagers en milieu urbain » organisé du 12 au 14 juin 2008 à Vulcania, parc européen du volcanisme à Saint-Ours-les-Roches (Puy de Dôme) et des secondes « Rencontres scientifiques européennes autour du jardin des plantes de Montpellier* (Hérault) » des 22 et 23 mai 2008.

Avec une sérieuse bibliographie consacrée aux récentes parutions sur les jardins, ce numéro de « Polia » est, comme à chaque fois, une mine d'informations permettant de faire le point sur les dernières recherches, réflexions et trouvailles constituant l'actualité des jardins historiques.

* Plus d’informations

Pour en savoir davantage sur les jardins cités dans cette notice, il suffit d’un simple clic sur les liens suivants :

Le Potager du Roi

Parc et jardins du château de Lanniron

Jardin Serre de la Madone

Jardin des Plantes

Parc de Courances

Jardin des plantes de Montpellier



© Conservatoire des Jardins et Paysages / mai 2008

 
128 pages - 30.00 €
     
   
   
   
 
   
 
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