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Niwaki, taille et conduite des arbres et arbustes à la japonaise

   
Auteur : Jake Hobson
Editeur : Editions du Rouergue
Date de dépôt : septembre 2007

Est désigné au Japon sous le terme de « niwaki », un arbre ou un arbuste de jardin transformé par la main de l'homme afin d'exprimer la pureté brute de la nature. Cet art ancestral est typique de celui des jardins japonais, animé par la culture du vide afin de ménager des transparences et surtout des perspectives. Dans ce principe, la taille des arbres en éclaircissant leur frondaison pour ménager des vues est une pratique essentielle. Cet ouvrage des éditions du Rouergue permet de mieux en comprendre les règles et principes ainsi que la conduite des arbres et arbustes à la japonaise, contribuant pour une grande part au charme des jardins d’inspiration japonaise visibles en France. Les secrets de la taille en « nuages » sont, grâce à ce livre, à la portée de tous. Jake Hobson vivant en Angleterre après avoir étudié l’art, se prend de passion pour les jardins et le paysagisme. Avec cet écrit, il essaye de combler un vide dans la littérature occidentale au sujet des arbres dans les jardins japonais. Avant de passer à la pratique, cet ouvrage revient sur le Japon, notamment grâce à des cartes (régions, préfectures et topographie), mais surtout à travers une approche des éléments du jardin, basé sur une spiritualité avec des liens forts envers la nature et sa représentation. Suivent, dans ce livre complet, les fondements des niwaki et la terminologie correspondante en fonction de formes variées (sinueuses, jumelles, multiples, en boules, en étages, en coquilles…). L’auteur les aborde aussi au sein des différents lieux comme les jardins de thé, les jardins publics, les parcs, les palais, les jardins privés et les créations contemporaines. Cette étude traite également de l’étranger, mais l’auteur est assez frustré par les interprétations européennes de jardins japonais qu’il trouve insignifiants au niveau de la spiritualité et de l’entretien, au profit du maintien d’une « image » souvent stéréotypée. Seules trouvent grâce à ses yeux les créations du paysagiste français Erik Borja.

Néanmoins, Jake Hobson propose l’utilisation de quelques plantes européennes particulièrement adaptées au traitement en niwaki comme les pins ou le Phillyrea latifolia.

La partie suivante de l’ouvrage est consacrée aux principes et techniques, expliqués avec comme support de nombreux dessins simples et photographies illustrant les étapes les unes après les autres de la coupe et de la conduite des branches. Ces leçons de structures « à la japonaise » ne sont pas inutiles pour le jardinier européen car si le Japonais est guidé par la recherche de l'asymétrie, la culture occidentale a tendance à marquer une certaine préférence pour la symétrie. Les conseils et les illustrations permettront de réaliser des formes « justes », organisées suivant des troncs tordus et des branches étendues.

Cet ouvrage aborde ensuite en détail des végétaux classiques pour la taille architecturée japonaise comme les pins, les azalées et karikomi (forme traditionnelle de boule organique), les conifères (Cryptomeria japonica, Podocarpus macrophyllus, Juniperus chinensis, Cedrus deodara et Taxus cuspidata), les persistants à grandes feuilles (houx, osmanthes…), les arbres caducs (Acer palmatum, cerisiers à fleurs, Lagerstroemia indica, Salix babylonica…), les bambous et autres plantes, car l'art du niwaki ne se limite pas aux seuls arbres, mais se réalise aussi sur les fougères, graminées, iris, pivoines arbustives…

Touts ces plantes se trouvent également déjà préformées pour la vente, c’est pourquoi l’auteur conduit le lecteur dans les coulisses des pépinières japonaises, pour y voir les plantes, les outils traditionnels et les jardiniers au travail. En effet, après une année entière passée dans la pépinière Furukawa à Osaka, il s’est lancé aujourd’hui dans sa propre entreprise.

Toute l’iconographie du livre est basée sur de beaux exemples au Japon comme des temples, de nombreux jardins privés, mais aussi des sites réputés ouverts au public comme à Kyôto, Daisen-in et les jardins du Tofuku-ji. Par ailleurs, d’autres jardins de Kyôto sont traités en détail notamment sur le plan de leurs azalées avec Shisen-do, le jardin du temple Shoden-ji et le jardin de Konpuku-ji.

Afin de parfaire la maîtrise de l’art du niwaki, ce regard d’un amoureux du Japon sur l’art des jardins propose en annexe, les traductions des noms des plantes du japonais au français [fuji (glycine), icho (arbre aux quarante écus), kaki (plaqueminier), katsura (arbre au caramel), kiri (paulownia impérial), sakura (cerisier à fleurs), sugi (cryptomère ou cèdre du Japon)...] et un glossaire des termes japonais depuis « A » comme akadama (argile rougeâtre utilisée pour enraciner les boutures) jusqu'à « Y » comme yukitsuri (« soutien des branches fléchies sous le poids de la neige »), en passant par des termes comme niwashi (les jardiniers), koyo (couleur automnale), momiage (éclaircissage des pins en automne), nemaki (emballage d’une motte avec de la toile de jute ou de la paille), sozu (bambou pour effrayer les cerfs), takeyabu (bosquet de bambous)…

A l’aide de ce livre, un peu de spiritualité traditionnelle et de l’âme des jardins japonais semble pouvoir se transmettre à l’aide d’un sécateur, de persévérance et de goût.



© Conservatoire des Jardins et Paysages / novembre 2007

 
160 pages - 29.00 €
     
   
   
   
 
   
 
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