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Folies végétales

   
Auteur : Patrick Blanc
Editeur : Chêne
Date de dépôt : décembre 2006

Avec sa mèche de cheveux verte, le botaniste Patrick Blanc est aujourd'hui reconnu du grand public. Sa médiatisation est liée à son concept des « murs végétaux » et notamment depuis la création de celui du musée du Quai Branly (Paris). D'autres exemplaires l’ont précédé notamment au Festival international des jardins de Chaumont-sur-Loire* (Loir-et-Cher) ou encore au jardin des Paradis* à Cordes-sur-Ciel (Tarn). Mais Patrick Blanc est avant tout un botaniste, chercheur au CNRS, travaillant depuis 30 ans sur les plantes des sous-bois des forêts tropicales, et en particulier dans les milieux pauvres en lumière et sels minéraux. Depuis le 8 décembre, il est à l'honneur avec une exposition « Folies végétales, Patrick Blanc » se déroulant jusqu'au 18 mars 2007 à l'Espace EDF Electra (Paris) et lui permettant de montrer au public quelques aspects de ses recherches. Comme il le décrit dans son livre « Le bonheur d'être plante » (également présenté sur ce site Internet), cet événement témoigne de ce que les plantes ont « inventé » pour s'adapter au milieu les accueillant. Issues de ses voyages sur tous les continents, de nombreuses photographies sont exposées suivant quatre thèmes : racines, feuilles, fleurs et fruits. Parmi les racines, se remarquent un Ficus étrangleur s'anastomosant à un arbre support en Malaisie ou encore un Philodendron longilaminatum s'accrochant sur un arbre en Guadeloupe. Les feuilles ont des aspects variés à l'instar des frondes palmées de la fougère Schizea elegans en Amazonie ou de la Sonerila hirsuta aux poils transparents en Malaisie. Les fleurs ont des coloris et formes exceptionnelles comme pour Etlingera megalocheilos en Thaïlande arborant des couleurs vives rouges et jaunes tandis qu’en Guyane, le Philodendron insigne présente une fleur ressemblant à la tête d'un béluga (également appelé baleine blanche). Enfin, les fruits ont des aspects variés comme le Sterculia coccinea en Thaïlande dont les couleurs rouges et noires rappellent les jupes noires des prostituées d'autrefois. Quant au Clidemia de Guyane, il est intéressant pour ses baies bleues. Toutes ces photographies mettent en avant la diversité de la flore dans des milieux souvent méconnus du grand public voire des spécialistes puisqu'elles montrent même une espèce de Begonia découverte en août 2006 par Patrick Blanc au parc national de Khao Sok (Thaïlande). Mais le clou de l'exposition est sans aucun doute les six reconstitutions en intérieur de milieux végétaux scénographiés par le designer Alexis Tricoire et constitués de 2000 plantes de 1000 espèces différentes. Le plus impressionnant est le « plafond végétal » (présentant les plantes poussant à l’envers) dans lequel des végétaux croissent la tête en bas (Columnea, Hoya, Rhipsalis...), pour certaines de 20 à 50 centimètres par jour. Cet espace peut un peu évoquer la gueule d'une baleine dans laquelle pénétrerait le visiteur. Les « vallées des hautes et basses énergies » (les plantes des lisières et des sous-bois) évoquent la concurrence des plantes en liaison avec la lumière car avec beaucoup d'énergie, il y a peu d'espèces, mais elles sont très vigoureuses alors qu'au contraire avec peu d'énergie, il y a beaucoup d'espèces mais elles sont peu vigoureuses. Le « tapis des cryptiques » (les plantes dont la coloration a pour effet de les dissimuler dans leur milieu naturel, les rendant invisibles) valorise les couleurs de camouflage (dans des tons marron brun). A l'étage, les « flûtes aux rhéophytes » (plantes soumises à des forts courants d'eau) sont constituées de tubes avec de l'eau coulant très rapidement en circuit fermé sur un sol en galets. Les plantes mises en scène (Anubias, Aponogeton, Crinium...) ont adopté dans leur milieu d'origine des feuillages en forme de langues, certains sont gaufrés et d'autres nervurés. Au sous-sol, les « bulles aux bégonias » présentent les plantes iridescentes, avec des bégonias de Malaisie aux feuillages irisés mis en situation dans des bulles de verre. Soumis à un éclairage adapté recréant les conditions des sous-bois, leur feuillage devient de plus en plus bleu à mesure de l'augmentation de l'obscurité. En face, la dernière reconstitution est intitulée la « baie d'Along » pour évoquer les plantes poussant sur les pitons rocheux. Tels des fauteuils, des reconstitutions des falaises de calcaire de la baie d'Along (Vietnam), inscrite à l’inventaire du patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO, sont recouvertes de plantes (Helxine, Ixeris...). Dans une ambiance brumeuse voire fantasmagorique, elles ressemblent à des personnages fantastiques comme les cruels Skeksis du film « Dark crystal » de Jim Henson et Frank Oz (1982) ou les Ents du « Seigneur des anneaux » de Peter Jackson (2001-2003). Toutes ces installations sont non seulement des reconstitutions, mais surtout des expériences en milieu clos sur l'adaptabilité des plantes dans des milieux au demeurant artificiels. Une autre salle de l'Espace EDF Electra présente des photographies de la vie et la carrière de Patrick Blanc complétées par un montage vidéo de ses créations et, inscrite au mur, une biographie avec des dates importantes de ses interventions : le premier mur végétal à la Cité des Sciences et de l'Industrie à Paris [1988], celui du Festival international des jardins de Chaumont-sur-Loire [1994], celui de la de la Fondation Cartier (Paris) [1998], celui de l'aquarium de Gênes (Italie) [2000], celui de la cour de l'Hôtel Pershing hall à Paris [2001], celui de l'ambassade de France à New Delhi (Inde) [2003], celui du musée du Quai Branly (Paris) [2004] et bien d'autres réalisations au Japon, au Brésil, en Thaïlande, en Espagne, aux Etats-Unis... Dans la dernière salle, au travers d’un film projeté, Patrick Blanc revient, dans un entretien de 12 minutes, sur son parcours et le but de cette exposition : présenter l'inventivité des plantes dans des conditions de vie « aberrantes en apparence ». L'intérêt est donc de montrer leurs stratégies adaptatives aux conditions extrêmes, de lumière très faible, de milieux sombres, de faible énergie. L'introduction du présent catalogue relate cette exposition à l'Espace EDF Electra avec des illustrations d'Alexis Tricoire. La biodiversité des plantes et leurs capacités adaptatives sont ensuite révélées grâce à de nombreuses photographies reprenant les six thèmes de l'exposition dans autant de chapitres : les plantes des grottes (pousser à l’intérieur), les plantes et la lumière (s’affronter ou cohabiter), les cryptiques (se cacher pour se protéger), les rhéophytes (résister aux courants), les iridescentes (apparaître ou disparaître) et les plantes des falaises (se nicher pour se diversifier). Les photographies sont explicites sur les capacités des plantes que Patrick Blanc souhaite valoriser. Le piton rocheux de la baie de Phang Nga (Thaïlande), un Begonia pavonina photographié tangentiellement (sans iridescence) puis perpendiculairement (avec iridescence lui donnant un feuillage d'un bleu intense) sont quelques exemples de cette adaptabilité végétale à un milieu. Ces photographies ont été prises en Guyane, à Bornéo, en Thaïlande, en Malaisie, au Brésil, au Mali...

* Plus d’informations

Pour en savoir davantage sur les jardins cités dans cette notice, il suffit d’un simple clic sur les liens suivants :

Parc du château de Chaumont

Jardin des Paradis



© Conservatoire des Jardins et Paysages / février 2007

 
64 pages - 19.00 €
     
   
   
   
 
   
 
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