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Polia, revue de l’art des jardins n° 6

   
Auteur : Articles d’auteurs variés sous la direction de publication de Marie-Hélène Bénetière & Frédéric Sichet
Editeur : Association pour l’histoire de l’art des jardins
Date de dépôt : décembre 2006

Pour son numéro de l’automne 2006, la revue de l'art des jardins « Polia » donne encore la parole à des historiens, des enseignants, des chercheurs, des archéologues, des paysagistes, tous professionnels évoluant dans l'univers des jardins historiques.

L'éditorial de Michael Seiler, ancien directeur de la Fondation des châteaux et jardins de Prusse, avoue son admiration pour le parc d'Ermenonville (Oise) qui, sous l'appellation actuelle de « parc Jean-Jacques Rousseau* », n'est plus qu'une petite partie morcelée et ayant souffert d'un manque d'entretien. Ce parc dans l'art des jardins allemand est une référence et a influencé de nombreuses créations. Il souhaite que ce parc se réveille un jour de son sommeil de Belle au bois dormant.

Six études figurent au sommaire de ce numéro de Polia. Chacune est étoffée d'une sérieuse iconographie (photographies d'époque et contemporaines, cartes postales anciennes, planches botaniques, manuscrits, plans…).

La première concerne le parc de Shinjuku Gyoen à Tokyo (Japon) dont le plan est dû au paysagiste français Henri Martinet (1867-1936), collaborateur d'Edouard André. Ce parc du centre de Tokyo, d'une superficie de plus de 58 hectares, a été redessiné par Henri Martinet en 1902-1906 sur un ancien jardin botanique impérial. Des parterres réguliers et des percées paysagères avec mobilier en béton rustiqué font partie de la composition centenaire intégrant une partie traditionnelle avec ponts, nénuphars, cerisiers à fleurs...

Une deuxième étude s'intéresse aux paysages culturels du Grand siècle en comparant l'identité patrimoniale du site de l’abbaye de Port-Royal des Champs à Magny-les-Hameaux (Yvelines) et celle du domaine de Versailles* (Yvelines). Elle permet d'analyser les enjeux religieux, esthétiques et culturels dans l'aménagement du territoire. L'iconographie basée sur plusieurs toiles anciennes permet d'apprécier la composition effacée des jardins d'un lieu symbole de la cause janséniste.

Autre sujet, le jardin public à Paris au XVIIIe siècle est analysé avec les exemples des Tuileries*, du Palais Royal* et du Luxembourg*. Ils sont les lieux de promenade de la société élégante, avec ce qu'elle comporte de séducteurs, de coquettes, de nouvellistes et autres personnages de lettres car les textes de l'époque ont permis dans ces lignes de relater les réactions des utilisateurs des jardins publics, avec autant de louanges que de critiques.

L'abreuvoir de Marly* (Yvelines) a été bâti par Jules Hardouin-Mansart en 1698-1699. Cette fontaine monumentale classée en 1862, richement décorée (jeux d'eau, rocaille, ferronnerie de Robert de Cotte, statuaire), a été rénovée en 2006, suivie par la récente restauration des « Chevaux de Marly » (1740-1745) de Guillaume Coustou. L'étude de Bruno Bentz, docteur en archéologie, est illustrée par une très riche iconographie (plans, cartes, photographies anciennes, gravures...), lui donnant une qualité exceptionnelle sur l'histoire de ce monument encore trop méconnu. L'étude de ces documents met en avant la restauration récente du décor de rocaille, fantaisiste au niveau des coquillages exotiques utilisés dont la justification tient davantage de la tradition orale que de l'authenticité historique.

Le parc de Betz (Oise) est encore assez méconnu et pourtant il est l'une des plus grandes créations pittoresques des 20 années ayant précédé la Révolution. Il a été réalisé pour Catherine Brignole, princesse de Monaco, qui achète le domaine en 1780 pour servir de cadre à sa nouvelle relation avec Louis-Joseph de Bourbon, prince de Condé. Ce parc était notamment mis à l'honneur dans le cadre de l'exposition de la CNMHS « Jardins en France, 1760-1820 » en 1978. Il comportait de nombreuses inscriptions (latines, vers, morales...) et fabriques (temple de l'Amitié, pyramide, cabane de pêcheur, château ruiné, ermitage, pont et pavillon chinois, colonne de Tancrède, temple rustique, chapelle, kiosque chinois, obélisque, moulin... Cependant ce parc n'est plus visible depuis une trentaine d'années à la suite de son acquisition par le roi du Maroc. Plusieurs articles d'un important dossier de ce numéro de Polia aident à mieux en connaître son histoire et sa composition à l'instar d'une description de Bertrand Barère de Vieuzac (1755-1841), alors futur rapporteur du Comité de salut public. Cette description prend la forme de 12 lettres restituant douze promenades au sein de ce parc mythique à la fin de l'été 1788. Ces lettres sont publiées ici pour la première fois.

Le dernier article est une interview de Corinne Mallet, la propriétaire du jardin Shamrock à Varengeville-sur-Mer (Seine-Maritime) et détentrice de la collection nationale d'hydrangeas. Elle vient de créer la dernière partie de son domaine : le « jardin Céleste ». Il s'agit en fait de la reproduction, en moins de trois mois, d'un « crop circle ». Les crop circles (« cercles de culture ») sont d'étonnants motifs géométriques, à la parfaite précision, apparus en l'espace d'une nuit dans la campagne céréalière britannique à la fin des années 1970, fascinant les amateurs d'extraterrestres. Ces formes d'expressions encore méconnues sont en fait assez proches du land art et notamment de certaines interventions in situ du paysagiste Jacques Simon (Grand prix national du paysage en 2000). Passionnée par les motifs de ces cercles de culture depuis 2002, Corinne Mallet a choisi de s'inspirer d'un authentique dessin découvert près du cromlech de Stonehenge (Angleterre). Ce motif une fois reproduit mesure 30 mètres de diamètre et peut être apprécié du sommet d'une ziggourat destinée à cet effet. Les prochaines plantations devraient donner encore plus d'effet à cette démarche inédite, peut-être à l'origine d'un nouveau concept, celui des « crop circles gardens ». Pour en savoir davantage sur ce sujet, se reporter à « Les cercles dans les blés et leurs mystères » d’Eltjo Haselhoff, chez Favre (2002).

Selon le principe de Polia, tous ces textes font l'objet de résumés analytiques bilingues (français et anglais), de manière très pratique, en fin d’ouvrage, avec des mots-clefs facilitant les recherches sur un thème donné [abreuvoir, Edouard André, crop circle, expositions universelles, fabriques, hydraulique, jardin pittoresque, jardin public, Jules Hardouin-Mansart, land art, meulière, rocaille…]. Enfin, comme à chaque numéro, sont annoncés les colloques et expositions. Un compte rendu rappelle notamment les grandes lignes du colloque des 22 et 23 septembre 2006 à Toulouse (Haute-Garonne), Montauban (Tarn-et-Garonne), Pompignan (Tarn-et-Garonne), consacré à Jean-Jacques Lefranc de Pompignan (1709-1784), poète, juriste, collectionneur numismate, bibliophile, traducteur et jardiniste. Autour de son château de Pompignan, il est l'auteur du parc à fabriques, aujourd’hui sommeillant sous les broussailles et dont il sera question dans un prochain numéro de Polia. Avec une sérieuse bibliographie consacrée aux récentes parutions sur les jardins, ce numéro de Polia est comme à chaque fois une mine d'informations permettant de faire le point sur les dernières recherches, réflexions et trouvailles constituant l'actualité des jardins historiques.

* Plus d’informations

Pour en savoir davantage sur les jardins cités dans cette notice, il suffit d’un simple clic sur les liens suivants :

Parc Jean-Jacques Rousseau

Domaine de Versailles et de Trianon

Jardins des Tuileries et du Carrousel

Jardin du Palais Royal

Jardin du Luxembourg

Parc de Marly



© Conservatoire des Jardins et Paysages / décembre 2006

 
158 pages - 30.00 €
     
   
   
   
 
   
 
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