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Connaissance des arts, jardins n° 3

   
Auteur : Articles d’auteurs variés sous la rédaction en chef de Guy Boyer et Axelle Corty
Editeur : SFPA, collection « Connaissance des arts », Hors-série
Date de dépôt : octobre 2006

Dans le numéro 3 du hors-série « Jardins » du magazine « Connaissance des arts », selon le principe de la collection, avant de passer aux articles de fond, un tour de l’actualité est dressé avec un récapitulatif des événements hortésiens comme l’ouverture en juillet 2006 du jardin romain de Caumont-sur-Durance (Vaucluse), sorte d’allégorie aux premiers jardins européens, et la réouverture après 7 ans de fermeture du jardin de l’Harmas de Fabre à Sérignan-du-Comtat (Vaucluse), propriété de l’entomologiste et botaniste Jean Henri Fabre (1823-1915). Les salons sont présentés comme les « Journées des plantes de Courson* » à Courson-Monteloup (Essonne) ou une vente-exposition d’arbres au parc du château de Momas à Lescar (Pyrénées-Atlantiques). Les 120 ans de la maison Vacherot et Lecoufle spécialisée dans l’obtention d’orchidées sont rappelés. Suivant l’actualité, cet ouvrage dresse une liste des expositions importantes de 2007 comme la création de 7 nouveaux parterres au potager du château de la Roche-Guyon (Val-d’Oise), l’exposition « Traits de jardins » au domaine royal de Randan (Puy de Dôme) et dont le catalogue est présenté dans cette rubrique Internet, les 150 ans de la bambouseraie de Prafrance* à Générargues (Gard) ou encore la traditionnelle exposition automnale au parc du château de Coubertin* à Saint-Rémy-les-Chevreuse (Yvelines) placée sous le thème « Le spectre des jardins, l’art au jardin, le jardin comme art ».

Un point suit sur le mécénat en cours avec celui de Stradal Paysages aux jardins de Valmer* à Chançay (Indre-et-Loire). Le domaine de Versailles et de Trianon* (Yvelines) est rénové, quant à lui, grâce à des mécènes comme LVMH pour la sculpture et Bréguet pour le hameau de la Reine ayant donné lieu pour « Connaissance des arts » à la publication de deux autres hors-séries : « Le parc de Versailles » et « Le domaine de Marie-Antoinette », tous deux présentés au sein de cette rubrique Internet.

Le désormais traditionnel portfolio de cette série « jardins » présente quelques planches extraites des « Grandes Heures d'Anne de Bretagne » (1503-1508). Elles sont commentées par l’historienne Michèle Bilimof, ayant à leur sujet écrit « Promenade dans les jardins disparus, les plantes au Moyen Age d'après les Grandes Heures d'Anne de Bretagne » ouvrage lauréat du « Prix Saint-Fiacre 2002 », prix annuel de littérature délivré depuis 1971 par l’association des journalistes du jardin et de l’horticulture (AJJH). Ces planches sont dues au peintre à la Cour de France, Jean Bourdichon et constituent un incroyable recueil botanique, riche de 337 plantes poussant dans le Val de Loire où se reconnaissent aisément rose de Provins, millet, ancolie, chardon, griotte, raisin noir, coquelicot, safran, orchidée, mauve sauvage... Elles permettent aussi de voir la représentation d'un jardin clos et d'un arbre de mai En attendant une reproduction en petit nombre de ce chef-d'œuvre par les éditions M. Moleiro pour décembre 2008, il est à noter que cet ouvrage exceptionnel sert de trame au nouvel agenda 2007 de la BNF, également présenté dans cette même rubrique Internet.

Un article est consacré au parc du Bois des Moutiers* à Varengeville-sur-Mer (Seine-Maritime) détenteur du label « jardin remarquable », décerné par le Ministère de la culture et de la communication sur des critères de composition, intégration dans le site, qualité des abords, intérêts botanique et historique, d’entretien et de gestion. Ce site établi sur une falaise face à la mer est lié au destin d'un homme : Guillaume Mallet (1860-1944). Originaire de Jouy-en-Josas (Yvelines), il est affilié à Christophe-Philippe Oberkampf, fondateur des manufactures des toiles de Jouy, qui fit venir Thomas Blaikie le jardinier du parc de Bagatelle* (Paris) pour dessiner le domaine du Montcel à Jouy-en-Josas (lieu ayant notamment accueilli le siège de la Fondation Cartier pour l’art contemporain de 1984 à 1993). Au fil du parcours de Guillaume Mallet, des personnages illustres font des apparitions comme Marcel Proust ou Jean-Claude Nicolas Forestier. Le couple Mallet acquiert à la fin du XIXe siècle une maison à Varengeville-sur-Mer qui sera transformée grâce au génie de deux figures emblématiques du courant « Arts and crafts » : l'architecte Sir Edwin Lutyens (travaillant alors sur le pavillon britannique de l'exposition universelle de 1900 à Paris) et la botaniste Gertrude Jekyll. Le parc, quant à lui, est l'œuvre de Guillaume Mallet lui-même. Toute l'histoire du jardin est résumée et illustrée par des photographies signées de Jean-Baptiste Leroux, également auteur de deux ouvrages présentés au sein de cette rubrique Internet (« Lys de cristal, eaux & jardins » et « Paris, beautés secrètes des jardins publics et privés »). Ici il fige dans la lumière, les impressionnants Rhododendron halopeanum, les azalées de Gand, les érables du Japon aux extraordinaires couleurs automnales, les saisons, la perspective du jardin blanc à la maison de thé, le vallon des iris... Un jardin privé de Jacques Wirtz est présenté dans un autre article. Il ressemble, comme souvent dans l'œuvre de ce paysagiste belge, à une sculpture vivante dans laquelle topiaires, canal, gradins en buis, belvédère-ziggourat végétal, broderies en hêtre, massifs de graminées (herbes aux écouvillons et molinies) constituent un décor rigoureux et graphique.

Un autre sujet est à découvrir : les jardins de Suzhou (Chine), ville située près de Shanghai témoignant de la culture des lettrés. Au XVIIe siècle, y étaient encore recensés quelque 300 jardins, mais ils ne sont guère plus qu’une douzaine aujourd’hui dont la plupart sont classés au patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO. Leur accès ne se fait plus dorénavant par voie fluviale (« les Trois Wu »). Les canaux de cette ville du Jiangnan lui ont valu le surnom de « Venise de Chine ». Cette dernière est toujours visitée pour ses jardins de lettrés avec kiosques, pavillons, roches, murs, pièces d’eau… La classe des lettrés remonte à la dynastie Song (960-1279). Ces fonctionnaires ont accédé à l’administration du pays à la suite d’examens impériaux ouverts aux non-aristocrates. Les arts leur étant associés sont la calligraphie, la peinture, la poésie et la musique. Le lettré est dans l’imaginaire populaire associé à un ermite spirituel vivant dans un site naturel. Les jardins leur étant associés sont conçus dans le dessein d’une meilleure connaissance de soi et d’un accord avec les énergies régissant l’univers. Ces jardins sont incontestablement des lieux de poésie, notamment dans leurs noms (repris parfois en référence à des textes anciens) comme ici à Suzhou avec le jardin de l’Humble administrateur, celui du Maître des filets, la forêt des Lions. Cette richesse culturelle et philosophique nécessite donc un maître jardinier polyvalent, à la fois architecte, botaniste, horticulteur, esthète, philosophe et poète. Cet article est prétexte à retracer un historique des jardins chinois et à soulever la problématique de leur restauration. En effet, quelle période faut-il privilégier sachant que leur aspect actuel correspond à un état de la fin du XIXe au début du XXe siècle.

Au cours de ce même siècle, le musée le plus réputé de Californie (Etats-Unis) est le Getty center édifié à Los Angeles par Richard Meier. Les amateurs de jardins le connaissent surtout pour son « Central garden » dû à Robert Irwin en 1996-1997 en forme de comète à longue queue ayant défrayé la chronique du fait du sentiment de Richard Meier estimant que ce jardin dénaturait son projet architectural. Robert Irwin, quant à lui, explique qu’il n’est pas paysagiste et que son « Central garden » est « une sculpture en forme de jardin, aspirant à être de l’art ». Cela dit, le jardin, conçu en collaboration avec la paysagiste Laurie Olin, existe bien et est notamment caractérisé par une cascade de 15 mètres de haut, un labyrinthe d’azalées semblant flotter sur le bassin, de très graphiques arbres métalliques recouverts de bougainvillées, un jardin de cactées sur un bastion, plus de 500 variétés de plantes dans une palette de quatre couleurs : magenta, orange, rouge et blanc. Pour en savoir davantage il est utile de se référer à « Plants in the Getty's Central garden » de Jim Duggan (2003).

La part du végétal, prépondérante dans un jardin, est traitée avec un sujet sur le chêne, plante vedette des « Journées des plantes de Courson » en octobre 2006.

A part ces présentations de jardins, des portraits figurent au sommaire de ce hors-série, à commencer par celui du botaniste Patrick Blanc, à l'occasion de l'exposition « Folies végétales » se déroulant du 6 décembre 2006 au 4 mars 2007 à l’Espace EDF Electra (Paris). Ce chercheur du CNRS est connu pour ses murs végétaux notamment depuis ceux du Festival international des jardins de Chaumont-sur-Loire* (Loir-et-Cher) en 1993. Aujourd'hui, il intervient avec ce concept dont il a déposé le brevet et ayant servi à constituer notamment le décor comme la façade du jardin du musée du Quai Branly (Paris). Il rappelle aussi son parcours et comment sa fascination pour les plantes et l'eau a sans doute commencé lorsqu'il regardait lors de ses promenades les ruisseaux et cascades du bois de Boulogne* (Paris). Un autre portrait est celui du paysagiste Jean-Christophe Stoerkel, ayant créé en plein 16e arrondissement un hôtel particulier dédié à l’art du jardin (« 6, Mandel ») accessible uniquement sur rendez-vous. Plus anciennes, la personnalité, mais aussi l'œuvre de « Capability Brown » (1716-1783), de son vrai nom Lancelot Brown, le plus célèbre paysagiste anglais du XVIIIe siècle, sont détaillées. Il incarne la figure de proue des jardins paysagers démarrant en Angleterre dès 1700. Fils de paysan, il devient en 1740 le jardinier en chef des jardins paysagers de Stowe à Buckingham et apprend au contact du peintre, architecte et paysagiste, William Kent (1685-1748), alors en charge du remodelage du domaine. Ils y plantent ensemble 70 000 arbres. A son compte depuis 1751, il serait intervenu sur plus de 170 sites parmi lesquels figurent les jardins et le parc du palais de Blenheim à Woodstock. Il introduit les fleurs dans ses compositions en lieu et place de statues et fabriques. Dans ses compositions pittoresques, il vide les jardins du symbolisme et des chinoiseries au profit de « la sensibilité d'un poète » et de « l'œil d'un peintre ».

Comme d’habitude tous les articles de ce hors-série sont à chaque fois complétés par un bloc-notes invitant à découvrir des lieux et des expositions, ainsi qu’une petite bibliographie en rapport direct avec le sujet de l'article correspondant. Ce hors-série est une mine d’informations, que ce soit sur les hommes, les jardins, l’histoire ou la création contemporaine. Il se lit d’une traite comme un roman, celui de l’amour des jardins.

* Plus d’informations

Pour en savoir davantage sur les jardins cités dans cette notice, il suffit d’un simple clic sur les liens suivants :

Parc de Courson

Bambouseraie de Prafrance

Parc du château de Coubertin

Jardins de Valmer

Domaine de Versailles et de Trianon

Parc du Bois des Moutiers

Parc de Bagatelle

Parc du château de Chaumont

Bois de Boulogne



© Conservatoire des Jardins et Paysages / décembre 2006

 
116 pages - 8.00 €
     
   
   
   
 
   
 
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