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Polia, revue de l’art des jardins n° 5

   
Auteur : Ouvrage collectif
Editeur : Association pour l’histoire de l’art des jardins
Date de dépôt : juin 2006

Le numéro de printemps 2006 de la revue de l'art des jardins « Polia » (www.polia.fr) donne la parole à des historiens, des enseignants, des chercheurs, des archivistes, des géographes, des paysagistes, des architectes, des conservateurs, et beaucoup d'autres professionnels évoluant dans l'univers des jardins historiques. L'éditorial de Claude Mignot, professeur à l'université de Paris Sorbonne et au centre André Chastel, aborde la place de l'architecture dans les jardins, mais aussi la prépondérance de l'eau en rappelant les propos d'Hortésie, la fée des jardins qui, dans « Le songe de Vaux » (avant 1661) de Jean de La Fontaine, confie « Je donne au liquide cristal plus de cent formes différentes, et le mets tantôt en canal, tantôt en beautés jaillissantes... ». Quatre études figurent au sommaire de ce numéro. Chacune est étoffée d'une sérieuse iconographie (photographies d'époque et contemporaines, cartes postales anciennes, planches botaniques, manuscrits, plans…). La première de ces études s'attache aux notions de gazon et de « faux gazon » dans les jardins du XVIIIe siècle, qu'ils soient classiques ou irréguliers. Une place de choix est accordée au faux gazon composé à partir du spart d'Espagne (Stipa tenacissima) par Jean-François Gavoty de Berthe à Paris dès 1776. La prépondérance de l'eau dans les jardins est rappelée dans la deuxième étude dédiée aux aménagements hydrauliques du parc du château de Chantilly* (Oise) au XVIIe siècle. Cette étude très complète revient sur la richesse du patrimoine de ce jardin dans le domaine de l'hydraulique (canaux, parterres d’eau, étangs, réservoirs, jeux d'eau, cascades, bassins et jets) sans oublier les éléments moins visibles comme la machine du pavillon de Manse (notamment grâce à une description en Allemand vers 1680 de Tessin le jeune), les aqueducs, les regards de visite, les conduits... Les chantiers, l'implantation des ouvrages souterrains sur des photographies et des plans sont des points de cette étude facilitant la compréhension d'un patrimoine technique pour beaucoup insoupçonné. Une autre étude revient sur la naissance du parc de Chamarande* (Essonne) dont les premiers plans ont été attribués sans preuve à André Le Nôtre. En 1737, Louis de Talaru, marquis de Chalmazel, charge Pierre Contant d'Ivry d'aménager son parc. Des fabriques toujours visibles témoignent de l'intervention de cet architecte ayant aussi travaillé au jardin de Bizy* à Vernon (Eure), au parc du château de Saint-Just* (Eure), au domaine de Saint-Cloud* (Hauts-de-Seine) ou pour le parc du château de Stors à L’Isle-Adam (Val-d’Oise). Une visite à Chamarande permet toujours de voir la glacière, le belvédère, l'orangerie, le jeu de l'oie et le potager (en cours de rétablissement). Outre Pierre Contant d'Ivry (1698-1777), à qui était justement consacrée une belle exposition jusqu'au 30 juillet 2006 à Chamarande, les noms d'Hubert Robert et de Paul de Lavenne, dit « Comte de Choulot », sont associés à l'histoire de ce domaine, propriété du Conseil général de l'Essonne depuis 1978. La dernière étude est dédiée au style paysager dans l'ouest ligérien (relatif à la Loire). Une analyse très documentée revient sur l'organisation du paysage rural de la Loire-Atlantique et du Maine-et-Loire. A partir de documents d'archives et de retranscriptions cartographiques, les données recueillies permettent de comprendre l'évolution du style paysager des jardins à partir de tracés classiques transformés et qui, hélas, ont pour beaucoup à nouveau été décomposés pour raison d'urbanisation ou de démantèlement. Il en résulte que ce style est sans doute bien plus subtil et codifié qu'il n'y paraît. Un article d'Yves-Marie Allain, vice-président de notre association, est consacré au modèle anglais des serres chaudes. Il évoque à l'occasion du projet de rénovation des serres du jardin des Plantes* (Paris) en 1833, les voyages d'études en Angleterre en 1833 puis en 1851 de l'architecte Charles Rohault de Fleury (1801-1875). Les notes prises au cours de ces voyages sont dorénavant d'importants témoignages sur la construction des serres au XIXe siècle et leur fonctionnement. Dans le cadre de l'actualité des jardins, Yves Cranga, conservateur du patrimoine à la Conservation régionale des monuments historiques d'Auvergne, livre, quant à lui, ses réflexions sur les problèmes liés à la protection, la conservation et la restauration des parcs et jardins historiques. Dans ce contexte, que penser de la pertinence et de la légitimité des interventions au moment des « restaurations » ? La notion « à l'identique » est-elle judicieuse ou utopiste ? En qualité d'arboretum, l'exemple de Balaine* à Villeneuve-sur-Allier (Allier) peut se poser puisque, à ce titre, il est forcément lié à une évolution des végétaux, aux adaptations des différents descendants d'Aglaé Adanson et d'une terrible tempête en 1999. Les jardins de l’hôtel de Sambucy à Millau (Aveyron) ont, quant à eux, été réhabilités en prenant en compte deux états distants de trois siècles. En se basant sur son expérience, Yves Cranga revient sur les problèmes de paternité des projets à l'instar du jardin de l'Evêché* à Castres (Tarn) souvent attribué à André Le Nôtre. L’exemple du parc du château de Digoine à Palinges (Saône-et-Loire) montre qu’une récente étude du 3e cycle de l'Ecole d'architecture de Versailles a mis en avant les interventions de l'architecte Edme Verniquet (notamment l’auteur en 1786-1787 du kiosque au sommet du Labyrinthe du jardin des Plantes* (Paris), appelé la « Gloriette Buffon ») et d'Achille Duchêne. Autre exemple, le domaine royal de Randan (Puy-de-Dôme) où le devenir du château en ruine depuis l'incendie de 1925 pose de nombreuses questions. Il en est de même pour les nombreuses fabriques du parc du château de Pompignan (Tarn-et-Garonne) [pont gaulois, tombeau égyptien, maison de la pauvre Jeanne...] qui, contrairement au château, n'ont pas fait l'objet d'une protection au titre des Monuments historiques ! Selon le principe de « Polia », tous ces textes font l'objet de résumés analytiques bilingues (français et anglais), de manière très pratique, en fin d’ouvrage, avec des mots-clefs facilitant les recherches sur un thème donné [charte de Florence, drainage, gestion, jeu de l'oie, manufacture de sparterie, Pierre Contant d'Ivry, pompe hydraulique, protection, serres chaudes...]. Enfin, comme à chaque numéro, sont annoncés les colloques et expositions. Un compte rendu rappelle les grandes lignes du colloque international « Jardins, parc, pays, Jean-Marie Morel (1728-1810) un paysagiste entre sensibilité et Lumières » s'étant tenu du 4 au 6 novembre 2005 à Dijon (Côte d'Or). Jean-Marie Morel est notamment intervenu sur le parc de la Malmaison* à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine), pour le parc paysager du château d’Arcelot à Arceau (Côte d'Or) et au parc d’Ermenonville* (Oise) dont les principaux vestiges se trouvent dans l’actuelparc Jean-Jacques Rousseau*. Il est l'auteur d'une « Théorie des jardins » (1776) dont le tableau dendrologique fut notamment commenté au cours de ce colloque par Yves-Marie Allain. Des actes sont espérés. Avec une sérieuse bibliographie consacrée aux récentes parutions sur les jardins, ce numéro de « Polia » est comme à chaque fois une mine d'informations permettant de faire le point sur les dernières recherches, réflexions et trouvailles constituant l'actualité des jardins historiques.

* Plus d’informations

Pour en savoir davantage sur les jardins cités dans cette notice, il suffit d’un simple clic sur les liens suivants :

Parc du château de Chantilly

Parc de Chamarande

Jardin de Bizy

Parc du château de Saint-Just

Domaine national de Saint-Cloud

Jardin des Plantes

Arboretum de Balaine

Jardin de l'Evêché

Parc de la Malmaison

Parc Jean-Jacques Rousseau



© Conservatoire des Jardins et Paysages / août 2006

 
158 pages - 30.00 €
     
   
   
   
 
   
 
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