Traits de jardins, plans de jardins en Auvergne du XVIIe au XXe siècle

Le Conseil régional d'Auvergne, le Comité des parcs et jardins d'Auvergne et la DRAC d'Auvergne organisent au domaine royal de Randan (Puy-de-Dôme) jusqu'au 5 novembre 2006 une exposition intitulée « Traits de jardins, plans de jardins en Auvergne du XVII^e au XX^e siècle ». Elle aborde la représentation des jardins (plans, cartes, gravures…), que ce soit des projets réalisés ou de simples études, soulevant ainsi parfois le travail d’interprétation dévolu aux historiens sur ce qui a réellement existé. Cette exposition est complétée par des pupitres dans le parc retraçant l'histoire du domaine royal en expliquant son histoire grâce aux éléments clefs de sa composition in situ (terrasses, chapelle, orangerie, serres, obélisque, chaumières…). Le site de Randan, dernier domaine royal de France, était la demeure de la princesse Adélaïde d'Orléans (sœur et conseillère de Louis-Philippe). En 1925, un incendie ravage le château élevant celui-ci au rang de fabrique et marquant ainsi le déclin de la propriété, mais renforçant à ce moment son aspect romantique. Ce parc classé est la propriété du Conseil régional d’Auvergne depuis 2001 et en juillet 2003, il ouvre ses portes au public. L’exposition « Traits de jardins » bénéficie d’une très belle scénographie à travers les pièces de la maison de l’Inspecteur (située à l’entrée du domaine), dans un grand raffinement et un éclairage respectueux des documents d’archives exposés : matériel d’optique et de mesure, plans, traités de jardins fondamentaux, cartes et dans une salle spécifique les remarquables planches des plans de la Bâtisse et du recueil de Beauvezeix. Des cartes postales anciennes de Randan permettent d’apprécier le domaine au début du XX^e siècle, lorsque le château était encore intact. L’exposition évoque aussi les tentatives de cultures de mûriers pour l’élevage de vers à soie. Le vocabulaire des jardins est abordé à partir de différentes définitions issues de « Jardin, vocabulaire typologique et technique » de Marie Hélène Benetière chez « monum, éditions du patrimoine » (2000), telles que parterres, fabrique de jardin, salle de verdure, passe-pied ou clumps (« massifs d'arbres de même espèce plantés de façon très compacte en cercles concentriques »). Des citations de Jacques Boyceau, Claude Mollet, Jacques Delille ou Jean-Marie Morel rappellent, au fil des salles, les idées fondatrices de la composition de l’art des jardins. Des plans mettent à l’honneur des jardins comme le parc du château d’Effiat* (Puy-de-Dôme) ou les jardins de la Chassaigne à Thiers (Puy-de-Dôme) et d’autres moins connus des départements de l’Allier, du Cantal, de la Haute-Loire et du Puy-de-Dôme. Des paysagistes de renom ont œuvré en Auvergne comme Edouard André en 1887 pour le jardin du château des Travers à Saint-Sandoux (Puy-de-Dôme), Achille Duchêne en 1911 au parc du château d’Avrilly à Moulins sur-Allier (Allier), mais aussi les propriétaires eux-mêmes à l’instar de M. et Mme Durin au XX^e siècle au château d’Opme* à Romagnat (Puy-de-Dôme). En fin d’exposition, une vidéo dévoile le travail effectué pour cette exposition avec des extraits du recensement photographique des plans de jardins en Auvergne pour la plupart inédits, issus des fonds privés et publics. Les couleurs de ces derniers y sont parfaitement restituées. Cette mise en avant est enrichissante. En effet, depuis le pré-inventaire lancé par la DIREN dans les années 1990, les 380 lieux alors recensés demeurent encore assez méconnus. A l’occasion de cette exposition, les « Amis du domaine royal de Randan » (association avec pour mission de contribuer au rayonnement et au développement du domaine à des fins culturelles et touristiques) publient ce portfolio de 24 planches format 24 x 32 centimètres sur papier offset 300 grammes, d'une qualité respectueuse des documents originaux. S'y retrouvent notamment des plans signés par Paul de Lavenne, dit « Comte de Choulot » [connu, entre autres réalisations, pour avoir conçu le Vésinet* (Yvelines)], Achille Duchêne, Denis et Eugène Bülher. Parmi les plans reproduits qu'ils aient été suivis d'une réalisation ou soient demeurés au stade de projets, se reconnaissent ceux de la Bâtisse* à Saint-Amand-Tallende-Chanonat (Puy-de-Dôme), le parc du château de Parentignat (Puy-de-Dôme) ou bien sûr celui de Randan. Un livret signé de Marie-Blanche Potte accompagne les planches et présente le patrimoine des jardins historiques auvergnats au travers de l’analyse de leur représentation avec de multiples renvois aux 24 planches. Véracité des dessins par rapport aux travaux, couleurs, perspectives, ombres portées, influence ou non des traités de jardins, les plans se révèlent une mine d’informations, mais aussi les éléments d’un réel patrimoine. Un chapitre rappelle les plantations de mûriers blancs liés à des espoirs de sériculture dans le premier quart du XVIII^e siècle mais vouées à l'échec par suite de découragement et d'un climat inadapté. Les plans sont de toute façon grâce à leurs notes et ajouts, riches en enseignement sur l'histoire de ces jardins d’Auvergne. Une des meilleures façons de poursuivre cette lecture est de visiter l'exposition de Randan, admirablement mise en scène.

* Plus d’informations

Pour en savoir davantage sur les jardins cités dans cette notice, il suffit d’un simple clic sur les liens suivants :

Parc du château d’Effiat

Jardins du château d’Opme

Site classé du Vésinet

Jardins de la Bâtisse